Nous sommes tous fils et filles de Dieu !

Lecture Biblique : Romains 8, 14-17

Prédication

 

Il n’y a pas de meilleur moment pour confirmer son baptême que le jour de Pentecôte. Parce que cette fête nous rappelle comment notre Dieu a déchiré le ciel pour descendre sur Jésus comme une colombe pour lui dire « Tu es mon Fils bien aimé, en toi j’ai mis toute ma joie », de la même manière qu’il a déchiré le ciel pour descendre sur les disciples le jour de la Pentecôte comme des langues de feu. J’ai trouvé dans ce passage de l’épître de Paul au Romains 4 pépites, 4 trésors que je veux partager avec vous et surtout avec vous deux, Marie et Clarisse, qui confirmez votre baptême aujourd’hui mais aussi avec notre Conseil Presbytéral qui sera installé et qui recevra l’imposition des mains en signe de transmission de cet Esprit de Dieu dont parle l’apôtre Paul…

D’abord, le point essentiel et fondamental qui dit qui nous sommes en vérité. Si nous avons Dieu pour Père, alors nous sommes les enfants de Dieu. Je ne sais pas si vous mesurez l’ampleur de ce que je viens de dire. Nous sommes les FILS et les FILLES de Dieu. Je ne sais pas pourquoi nous continuons à nous définir par autre chose… C’est quand même extraordinaire, pour parler de soi, pour se présenter dans un CV ou sur une carte de visite, personne ne dit : « Bonjour, moi je suis Clarisse, Fille de Dieu ». Et même pire, comme Marie nous l’a raconté, même quand on vit comme une fille de Dieu chaque jour, on n’ose en parler à personne de peur de passer pour une folle. Mais sache que tu n’es pas seule Marie. Tout le monde continue de se définir par son travail, son statut social, sa nationalité… Est-ce vraiment ce qui est essentiel dans notre vie ? Est-ce vraiment là notre origine, notre identité présente et notre accomplissement futur ?  On devrait tous s’appeler ainsi : Marie, fille de Dieu, comme toi…

Fils et filles de Dieu par adoption… Ce ne sont pas les liens du sang qui priment. Ce n’est pas la biologie ou le code génétique qui imposent leur loi. Si c’était le cas, être enfant de Dieu serait un privilège réservé à quelques privilégiés nés dans le bon berceau. Pire : ce serait une filiation automatique, un destin, un non-choix, une prison. Au contraire l’Evangile de Jean (1,13) affirme que les enfants de Dieu sont : Non pas nés du sang, ni d’une volonté de chair, ni d’une volonté d’homme, mais de Dieu. Je suis très sensible à ce principe parce que, moi-même, je suis un enfant adopté. Et j’ai toujours entendu dans la bouche de mes parents : toi on ne t’a pas fait, on t’a choisi. Et c’est une expérience formidable de savoir qu’on a été choisi entre tous. Que quelqu’un te dise : je te veux toi, je te choisis, je te prends avec moi, tu es mon enfant. C’est ce que Dieu dit à David, le plus petit des enfants de Jessé, celui que personne ne regarde et qu’on envoie garder les moutons quand tout le monde va à la guerre contre les Philistins. Lui, le petit David que Dieu choisit entre tous pour en faire un roi comme le dit le Psaume 2,7 : Je vais proclamer le décret du Seigneur. Il m’a dit : tu es mon fils ! C’est moi qui t’ai engendré aujourd’hui. Clarisse, Marie, Dieu vous a choisies comme il m’a choisi, moi aussi. Il vous a adoptées comme il m’a adopté. Chacun d’entre nous a une histoire familiale terrestre particulière : une relation à son père spéciale, plus ou moins heureuse, plus ou moins apaisée. Le Père du ciel vient remettre les pendules à l’heure et tout remettre à plat. Tu es mon fils, tu es ma fille. Aujourd’hui je t’ai choisi. Comme on peut le lire en Esaïe 43,1-7 : Je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi. (…) Tu as du prix à mes yeux et je t’aime.

1ère Bonne Nouvelle donc pour notre Eglise, puisque nous avons le même Père, chacun d’entre nous a été tout spécialement choisi. C’est très important pour la vie de notre Eglise : la fraternité et l’égalité doit régner parmi nous. En cas contraire, nous penserions que certains sont des fils légitimes par les liens du sang et d’autres seulement par adoption, ou pas encore vraiment fils ou filles. Qui d’entre nous peut déterminer qui est enfant de Dieu ou non ? Qui d’entre nous a le bon critère ? Personne… Nous sommes tous enfants d’un même Père quel que soit notre chemin vers lui, quelle que soit l’ancienneté de notre histoire avec lui. Les derniers seront les premiers et les premiers seront les derniers, dit Jésus (Matthieu 20,16). C’est à cela qu’il pense.

2ème réflexion : quelles sont les conséquences concrètes de cette adoption par Dieu ? Parce que cela ne sert à rien si ce n’est pas concret, tangible, s’il n’y a pas de conséquence dans notre vie… Que dit la Bible ? Tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu. En effet, vous n’avez pas reçu un esprit d’esclavage qui vous ramène dans la peur, mais vous avez reçu un Esprit d’adoption filiale…

Ainsi donc, nous découvrons que nous pouvons être conduits soit par l’Esprit de Dieu (et devenir ses fils et ses filles) soit par un esprit d’esclavage (qui fait de nous des fils et des filles de la peur). Il y a donc plusieurs esprits possibles pour chevaucher notre âme. Un esprit d’esclavage ou un esprit de liberté. Il faut même dire les choses un peu autrement : l’Esprit de Dieu vient déloger, prendre la place, remplacer un autre esprit qui nous conduit et qui nous ramène à la peur. Un critère simple apparaît donc : si tu as peur, alors c’est que ce n’est pas l’Esprit de Dieu qui te chevauche et te conduit mais c’est un autre esprit qui a le pouvoir sur toi… Lequel ? L’esprit d’esclavage ? Ou l’esprit de jalousie, de jugement, de richesse, d’orgueil, de violence ? Quel esprit nous anime en ce jour de Pentecôte quand on regarde le spectacle du monde ? Dis-moi ta peur, je te dirai ta prison, je mettrai un nom sur le péché qui empoisonne ta vie.

2de Bonne Nouvelle donc : si l’Esprit de Dieu nous conduit, nous sommes enfants de Dieu et donc libérés de la peur par une confiance indéfectible. Je sais que notre Père prendra soin de nous. (Exemple d’un enfant qui se jette dans le vide en appelant son père pour qu’il le rattrape). Puissions-nous faire une application immédiate de ce principe dans la vie de notre Eglise : Eglise de Jésus-Christ, n’aie pas peur ! Que la confiance et la prière guide tes pas et oriente tes projets. Nous ne risquons rien de grave puisque la résurrection nous est déjà acquise. Oui, j’en ai la certitude, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu en Jésus Christ notre Seigneur. (Romains 8,39)

La 3ème réflexion que je voulais partager avec vous me vient de la suite du verset : vous avez reçu un Esprit d’adoption filiale, par lequel nous crions : Abba ! Père !  Un petit mot tout simple pour dire une relation intime, immense, profonde, indéfectible… Abba, ce n’est pas « père », c’est un peu cérémonial. Qui appelle ainsi son père dans la vraie vie ? Abba, ça veut dire Papa. On quitte ici le terrain de la filiation et de l’identité pour entrer dans celui de la relation. Lequel d’entre nous ose dire à Dieu : tu es mon Papa ? Et pourtant, il y a tellement de choses derrière ce tout petit mot. Papa : moi j’entends de l’intimité (on se connaît bien parce qu’on est très proches l’un de l’autre), j’entends de la tendresse (se blottir contre lui, relation d’amour de l’un à l’autre qui ne passe pas forcément par les mots), j’entends du respect (de la soumission à l’autorité qui me dépasse, chacun restant à sa place), et j’entends aussi de la sécurité (je n’ai peur de rien, tu viens prendre soin comme disait le Psaume 23). Mais je sais que la relation au père est très différente selon la culture. Quoi qu’il en soit, j’aimerais qu’on puisse dire le Notre Père, en l’appelant Papa.

Puissiez-vous, Clarisse et Marie, établir une relation de grande proximité et de grande intimité avec Dieu notre Père. Toutes les activités de l’Eglise visent cet objectif.

J’en viens alors à ma dernière remarque. Je la tire du verset suivant : Si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ. S’il est vrai que nous souffrons avec lui pour être aussi glorifiés avec lui. Qu’est-ce que cela veut dire hériter de Dieu ? Pour moi, hériter, cela signifie que ses biens deviennent les nôtres, que ce qu’il possède nous appartient désormais. Je ne sais pas si vous percevez bien ce que cela veut dire au fond. Hériter de notre père, signifie que tout ce qui est à lui nous est destiné. Pensez un peu à qui est Dieu pour vous ? Quels sont ses attributs, ce qui lui appartient en propre ? Son éternité ? Elle est pour vous. Sa puissance ? Elle est la vôtre. Son amour infini ? Il vous appartient. Sa sagesse devient votre discernement… Puissions-nous nous laisser guider par l’Esprit de Dieu !

Alors, à la lumière de cette 4ème et dernière réflexion, je voudrais conclure. Chaque dimanche ou presque nous répétons la prière que Jésus nous a enseignée, le Notre Père.

D’abord s’arrêter sur le 1er mot : Notre Papa qui est au ciel… Faut-il seulement aller plus loin ? Rester-là dans le silence et la contemplation de se trouver en présence du Père céleste… et pouvoir l’appeler PAPA… Mon Père qui es au ciel, je ne sais pas encore où se trouve le ciel. Mais je sais déjà ceci : Là où tu es, pour moi, là se trouve le ciel.

Mon Père, que ton nom soit sanctifié ! Toi et moi, nous portons désormais le même nom de famille. Tu es Dieu et moi je suis ton enfant. Dis-moi quand je blesse la sainteté de notre nom par mes pensées et mes actes. Mais dis-moi aussi quand je lui fais honneur par un petit geste inspiré par ton amour infini pour notre monde. Mon Père, ne veux-tu pas m’aider à préserver la sainteté de notre nom de famille ?

Mon Père, que ton règne vienne ! Dans ton royaume qui vient, je n’ambitionne aucun portefeuille de ministre. Il me suffit d’être un simple membre de ta famille.

Mon Père, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ! Voilà toujours pour moi la demande la plus difficile. J’aimerais si souvent que ma volonté à moi se fasse. Je m’inquiète rarement de ta volonté voire, il m’arrive de l’esquiver quand ça m’arrange… Mon Père, ne veux-tu pas m’aider à accepter ta volonté et à l’accomplir ? Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux…

Mon Père, donne-moi aujourd’hui le pain de ce jour ! Pas celui de demain ou d’après-demain. Aide-moi à accueillir aujourd’hui comme un cadeau, comme une grâce, sans charger ma barque des regrets d’hier ou de soucis pour demain. Que je puisse me nourrir de cette grâce que tu m’accordes jour après jour, comme un soleil qui se lève et qui fait de chaque jour une nouvelle création.

Mon Père, pardonne-moi mes offenses, comme je pardonne à ceux qui m’ont offensé ! Est-ce que je n’ai pas parlé trop vite ? Je n’ai pas encore pardonné à tous ceux qui m’ont offensé. Je garde dans le cœur un fond de rancœur, de ressentiment, de colère… Père, fais que je me laisse instruire par ton Fils qui a prié sur la croix : Pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font.

Mon Père, ne me soumets pas à la tentation ! Je n’aime pas trop la nouvelle traduction qui dit « ne nous laisse pas entrer » parce que je crois qu’on se soumet à la tentation… On y perd sa liberté en acceptant d’y céder… Garde moi de jouer avec les tentations. Mon Père ne veux-tu pas m’aider à résister à la tentation ?

Mon Père, délivre-moi du mal ! Comme l’oiseau vole vers le filet, ainsi mon impulsion me pousse vers le mal. Ne veux-tu pas me freiner avant que je sois devenu la proie du Malin ? Mon Père, c’est à toi qu’appartient le règne. Les gouvernants sont dans ta main, aussi orgueilleux soient-ils. Mon Père c’est à toi qu’appartient la puissance de conserver notre monde hors du chaos. Mon Père, c’est à toi qu’appartient la gloire : tiens-moi à distance de l’orgueil.

Voici enfin, mon Père une dernière demande : Ne permets pas que je récite cette prière comme un perroquet. Qu’elle jaillisse du fond de mon cœur. Bien plus ! Donne-moi, dans mes actes, de la mettre en pratique. Amen.

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Un commentaire

  • Très bonne prédication. Dieu bénisse son serviteur! Mon Pasteur me manque…

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