Être une « Eglise Verte »

Prédication du 2 juin : être une « Eglise Verte »

Lectures bibliques : Gn 1, 1-6 / Rom 8, Apo 21, 1-4

Être une « Eglise Verte »… c’est dans l’air du temps, nous sommes tous d’accord. Au regard de l’actualité, les questions écologiques prennent de l’importance, nous pouvons le constater avec l’Essor de EELV (parti que les jeunes ont majoritairement voté). Dans l’Eglise, le réseau « Bible et Création » et enfin avec le label « Eglise Verte » au sein de l’EPUdF, les projets ne manquent pas dans le protestantisme. La question de l’écologie et du climat, et de la Création est donc une interpellation pour les Églises, y compris notre église locale de la paroisse du Saint-Esprit.

Penser la création d’un point de vue théologique et éthique n’est pas une nouveauté : cela a commencé chez les précurseurs du protestantisme, notamment Saint Augustin. Et si l’on ouvre la Bible en Genèse 1, tout commence par l’acte créateur de Dieu, ce que l’on appelle une « parole performative ». Au tout début, il y a ce que les scientifiques appellent le « Tohu Bohu » initial (le vide), les ténèbres et les eaux : On se rend compte que c’est difficile à traduire « La terre était informe et vide » (traduction Segond) ; « déserte et vide » (TOB) ; « La terre était un chaos, elle était vide » (Nouvelle Bible Segond). Ce texte de Gn 1, nous communique plusieurs messages. Tout d’abord la Parole « Dieu dit » revient dix fois. Dieu parle, sépare, bénit, ordonne et fixe une mission à l’humain. Lorsque l’acte créateur est achevé le sixième jour, Dieu exprime sa satisfaction : « Dieu vit alors tout ce qu’il avait fait : c’était très bon » (Gn 1, 31). Dieu nous confie une création bonne. Dans le deuxième texte de la Genèse (Gn 2), Dieu place l’humain (homme et femme) dans ce jardin d’Éden « pour le cultiver et pour le garder » ; et immédiatement, Dieu entre en relation avec l’homme auquel il confie la gérance et la responsabilité. C’est à nouveau la Parole de Dieu qui ordonne, qui donne  un cadre dans sur le monde et sur nos vies.

Mais si Dieu a ordonné ce chaos initial, on ne peut que constater que cet ordonnancement n’est pas achevé : la destruction de notre planète, la déstructuration de l’humain ne sont-ils pas les manifestations d’un chaos d’un désordre persistants, et qui ne font que s’amplifier ? Le texte de Genèse 1 nous enseigne que Dieu ordonne en établissant des séparations : entre les ténèbres et la lumière, entre la terre et les eaux etc.

Ainsi, Dieu fixe des limites et des frontières. De fait, la Bible et l’histoire humaine nous enseignent que c’est l’absence de limites qui crée le chaos, depuis la tour de Babel jusqu’aux nombreux excès de nos sociétés contemporaines. Dieu fixe à Adam et Eve une limite à l’humain, celle de ne pas manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal : une façon de signifier que l’homme n’est pas Dieu. Et ce célèbre passage nous amène à la question fondamentale de notre obéissance à Dieu. L’obéissance n’est pas un terme facile… Après Adam, les choses tournent de plus en plus mal sur terre et Dieu décide, en quelque sorte, de « repartir à zéro ». C’est l’épisode du déluge et de la nouvelle alliance avec Noé. Dieu constate que « le mal des humains était grand sur la terre et que leur cœur ne concevait jamais que des pensées mauvaises » (Gn 6,5) .On ne peut s’empêcher de faire un rapprochement avec notre époque où l’idéologie dominante est le gain, la jouissance, le confort ; où l’on recherche le pouvoir, la domination, à n’importe quel prix économique, éthique et environnemental. Qu’il suffise d’évoquer les scandales alimentaires, les médicaments dangereux, Ainsi se pose la question, toujours actuelle, de notre obéissance à Dieu : au-delà de notre responsabilité humaine, nos comportements destructeurs vis à vis de la création ne traduisent-ils pas notre désobéissance à Dieu ?

Noé était le juste qui obéit en tous points à Dieu, après la désobéissance originelle de l’homme. Il construit l’arche avec persévérance, pendant de nombreuses années selon les directives de Dieu. Il y fera entrer les animaux, exactement selon les instructions de Dieu.  Noé, est aussi le premier sauveur de l’humanité et de la création tout entière, avant le salut définitif, accompli en Jésus-Christ. Noé obtient la faveur de Dieu qui se fixe donc lui-même une limite à son courroux et à sa décision radicale d’effacer toute vie sur la terre. Notre attitude destructrice vis à vis de la Création nous porte à croire que nous n’assumons pas cette responsabilité vis à vis de la création que Dieu nous a confiée. Et tout cela se traduit dans la Bible par un combat violent. On le voit dans L’Ancien Testament qui contient de nombreux textes qui mettent en relation le péché de l’homme avec la destruction de la création, mais qui contient aussi et surtout des annonces de rédemption et de restauration. Il nous faut en effet poser la question de savoir ce que Dieu est en train de dire dans ces temps de chaos ? Quel est le plan de Dieu ? Je ne pose pas la question de savoir si Dieu a un plan. Car Dieu a toujours un plan, pour l’humanité. Dieu avait un plan pour Noé. Dieu avait un plan avec la venue du Christ. Face au péché et à la méchanceté des hommes, Dieu a un plan de salut, pour chacun de nous. Mais maintenant ? discerner le plan de Dieu pour nous, est au cœur de notre vie spirituelle, de notre prière et de notre obéissance à Dieu. Dans notre prière, nous disons à Dieu « Que Ta volonté soit faite ». Nous devons faire la lecture de notre monde à la lumière du projet de Dieu. Au centre, se trouvent la grâce, l’amour, le Royaume : nous le croyons ; mais selon quel plan ? On répondra que nous n’en savons rien, selon l’adage populaire : « les voies de Dieu sont impénétrables…« . Pourtant, vient toujours un temps où Dieu révèle son projet : par sa Parole, par les prophètes, par les visions, dans l’écoute et dans la prière ; l’Écriture tout entière l’atteste. Selon les Écritures, le plan de Dieu est la venue du Messie d’Israël, pour nous, le retour du Christ la nouvelle création, attendue avec impatience, selon le texte fondateur de Rm 8, 18-23 que nous avons lu tout à l’heure :
« Car la création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu Nous le savons en effet : la création tout entière gémit maintenant encore dans les douleurs de l’enfantement »
Frères et sœurs, notre espérance, notre foi, sont dans le Christ, par qui advient une nouvelle Création les nouveaux cieux et la nouvelle terre, « …la nouvelle Jérusalem, »nous dit ce texte d’Ap 21.Cette nouvelle Création nous est offerte en Jésus-Christ, mort et ressuscité pour nos péchés, en qui toutes choses ont été créées. Voilà le plan de Dieu ! Ainsi, notre vie et notre action de Chrétien dans ce monde en crise profonde, se situe dans cette écoute de Dieu, l’écoute de son projet et l’obéissance à sa volonté pour la « nouvelle Jérusalem ».

Tout cela, dans cette attente du retour du Christ : vivre et annoncer l’espérance du salut. Et face aux immenses défis de la planète, nous devons tous, assumer nos responsabilités de « citoyens du monde« . Chacun se trouve face à des responsabilités désormais bien établies. Dans ce monde des ONG sont parfaitement compétentes pour sensibiliser sur le climat, pour donner des indications sur les mesures à adopter. N’hésitons pas à agir avec eux. Cependant, je pose toujours la question : quelle est la spécificité chrétienne dans ce concert ? Oui les Églises doivent se mobiliser, développer et transmettre la réflexion biblique et théologique. Au-delà de notre engagement « citoyen », nous devons aussi exercer notre responsabilité de Chrétien. Mais cette responsabilité peut faire peur : je me rappelle, étant en faculté de théologie, en 2014, un pasteur qui était intervenu lors d’une table ronde nous avait rapporté ceci : il préparait un couple au mariage, un homme et une femme âgés d’une trentaine d’année, engagé dans son Eglise locale… Mais le futur mari et la futur femme disait de concert : « Nous désirons nous marier devant les hommes, devant Dieu, mais nous ne voulons pas avoir d’enfant : par les temps qui courent, faire un enfant, ce n’est pas lui faire un cadeau« . Le pasteur nous a ensuite dit : « Cet entretien m’a fait réfléchir sur l’espérance en tant que Chrétien face aux défis d’aujourd’hui et de demain« . Et donc nous pouvons nous demander, ayant parlé de responsabilité et d’espérance, deux termes qui sonnent juste, mais qui sont difficiles à vivre et à interpréter : que faire ? Que croire ? Je ne prétends pas ici vous donner de réponse toute faite : car il n’y en a pas. Mais notre responsabilité et notre espérance en tant que chrétien n’est-ce pas d’écouter la Parole de Dieu ? De discerner et accueillir dans l’humilité, la repentance et la prière la volonté de Dieu ? D’attendre le retour du Christ, non pas une attente passive et fataliste mais en agissant sous ces cieux nouveaux et cette terre nouvelle comme il est écrit dans l’Apocalypse ?

Oui, cette Eglise Verte commence aujourd’hui, dans l’obéissance à Dieu, dans l’espérance et l’amour, œuvrons pour la création que Dieu nous a confiée, en Jésus, le Christ.
« …car c’est en Lui que tout a été créé, dans les cieux et sur la terre…(Col 1, 15- 16)
Merci Seigneur pour ta création et ta protection.
Amen.

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