Où Dieu est-il à Noël ?

Lecture biblique : Matthieu 1,18 – 2,23

Message pour les enfants :

Où Dieu est-il donc à Noël ?

  1. Dans le ciel ou dans ton cœur ?

dans le ciel ? c’est une image pour dire qu’on ne peut pas le localiser sur terre, dans un objet, dans une personne, dans une église, dans une religion… Rien de ce qui est humain n’est sacré : Dieu seul est Dieu (Soli Deo Gloria). On ne peut pas l’enfermer, il nous échappe. Dieu est libre. C’est aussi une image pour dire que que Dieu est au-dessus de tous les événements qui arrivent sur terre et qui nous inquiètent, nous font peur, nous font du souci, nous empêchent de dormir. Une manière de dire que lui voit les choses globalement. Il domine les événements, il n’a pas peur, il n’est pas déstabilisé, il sait : tu peux te confier à lui.

dans ton cœur ? c’est une autre une image pour parler de la grande proximité qu’on peut avoir avec Emmanuel, Dieu-avec-nous : comme un ami intime, il sait ce qui nous touche, ce qui nous fait plaisir et ce qui nous inquiète. Pas besoin de faire semblant, de garder un masque en essayant de montrer qu’on est heureux alors qu’on est triste, qu’on est tranquille alors qu’on est inquiet. Avec lui, pas de masque social, pas de faux-semblant, pas besoin de faire des efforts pour cacher ce qui nous fait peur ou ce qui nous fait plaisir. On peut être vrai. Avoir Dieu dans son cœur, c’est l’espace de vérité le plus intime que nous ayons. Il n’en profitera jamais pour nous humilier, pour ricaner, pour nous casser.

  1. Dans la joie de la fête ou avec les gens tristes ?

La première chose à dire, c’est que les grandes émotions nous poussent à les relier avec quelque chose de divin, d’absolu, quelque chose qui dépasse l’ordinaire, la vie normale. Dans les grandes joies comme dans les moments les plus atroces, les mots manquent pour décrire ce qui est vécu. Alors on parle de miracles, on parle de divin dans la chaleur d’être ensemble, dans le plaisir excessif de la fête, dans le partage des cadeaux, dans la joie tout simple… on sent qu’il n’est pas bon que l’homme soit seul et que la vie est faite, conçue pour le bonheur et pour l’émerveillement.

Mais en même temps, nous savons tous qu’il y a des gens qui ne sont pas heureux à Noël. Parce qu’ils n’ont pas de famille, parce qu’ils ont perdu quelqu’un qu’ils aimaient, parce qu’ils sont blessés, fâchés, malades… Et pour eux, rien n’est pire que de voir les autres s’amuser en restant sur le bord de la route. Si, il y a quelque chose de pire : c’est l’injonction au bonheur, comme si on était tous obligés d’être heureux. Qui peut dire que c’est un devoir d’être heureux ? Quoi de plus terrible, de plus violent, de plus culpabilisant que de s’entendre dire : « Tu devrais arrêter de ton complaire dans ton malheur ! On dirait que tu le fais exprès, allez… fais un effort pour sortir, pour être heureux, pour ne plus être triste… ». Où il est Dieu dans ce cas-là ? L’histoire de Noël nous raconte que la proximité de Dieu avec ceux qui sont persécutés, rejetés, blessés, humiliés, ceux qui ont peur ou qui sont seuls…

  1. Dans sa Parole ?

En racontant cette histoire de Noël aujourd’hui, les chrétiens affirment que Dieu est présent dans sa Parole. Pas dans une Eglise, pas dans une institution, pas dans une manière de se comporter, pas dans des objets ou des lieux sacrés mais par la parole de personnes qui ont raconté leur histoire avec Dieu. Des gens qui ont raconté leur expérience avec Dieu. Un peu comme les petits cartons dans les chaussettes rouges, des personnes ont écrit ce qu’ils croient… Et ce sont ces témoignages qui ont été mis par écrit et qui ont donné naissance à la Bible. Dieu est présent dans ces témoignages, dans ces histoires racontées… Cela veut dire que si nous ne pouvons pas voir Dieu (pas possible de faire un selfie avec lui), nous pouvons l’entendre ou le lire. Encore faut-il écouter et donc se taire ! Dire que Dieu se tait quand la Bible est fermée, c’est comme se plaindre de ne pas recevoir des sms quand son portable est éteint… Beaucoup de gens se plaignent que Dieu ne leur parle pas mais en fait c’est parce qu’ils n’arrêtent pas de parler ! Dieu n’est pas malpoli. Il ne nous coupe pas la parole. Il attend que nous ayons fini de parler pour nous répondre. Et il le fait en nous racontant des histoires comme celle de Noël. Pourquoi des histoires ? Parce qu’il n’y a pas mieux que des histoires pour nous rendre attentifs, pour que tout le monde puisse comprendre (du plus petit jusqu’au plus grand) et pour marquer notre mémoire… Je veux vous raconter une histoire de la Bible, celle du prophète Elie (1 Roi 19,9-13)…

  1. Dans un enfant…

Mais il faut dire que les hommes n’y croient pas à cette histoire. Pour eux, elle n’est pas crédible. Parce que tous les hommes pensent que pour être entendus, il faut crier très fort, comme les enfants qui font des caprices en se roulant par terre en criant très fort. Ils constatent dans le monde que seuls les plus forts ont le pouvoir. Ils se sont aperçus que seuls ceux qui cassent tout se font entendre par les hommes politiques. Et donc tout naturellement ils s’attendent à voir Dieu fonctionner de la même manière, dans la force, dans la puissance, dans le bruit et la fureur. C’est ce que raconte l’histoire de Elie sur la montagne de Dieu : même le prophète s’attend à voir Dieu dans le vent violent, puis dans le tremblement de terre, puis dans le feu… Mais Dieu n’est pas là. Il arrive dans le murmure léger du silence… (expérience catéchèse : Silence ! on lit la Bible…)

C’est exactement la même chose que nous raconte la Bible dans l’histoire de Noël : Dieu n’est pas avec ceux qui ont le pouvoir comme les soldats romains ou le roi Hérode, il n’est pas non plus avec les savants astrophysiciens spécialistes des étoiles, ni avec les religieux et les prêtres du Temple de Jérusalem… Dieu prend tout le monde par surprise en prenant le corps d’un enfant… Et devenu grand Jésus le confirmera : Si vous ne changez pas pour devenir comme des enfants, vous n’entrerez jamais dans le Royaume des cieux (Matt 18,3). Une église sans enfants est une Eglise qui ne peut pas rencontrer Dieu.

Alors, je voudrais terminer mon message en m’adressant aux adultes. C’est vrai, il y a mille raisons de s’inquiéter. C’est vrai, l’année écoulée n’en a pas fini de psalmodier sa litanie de désastres. C’est vrai, les cailloux de l’existence sont légion et l’avenir du monde semble engagé sur une voie déjà toute tracée. Tout cela est vrai. Et nous sommes légitimement lassés des promesses non-tenues, des bonnes résolutions faciles à mettre sous le tapis, des belles paroles qui, chaque année, s’envolent, effrayées par l’adversité qui pointe son nez. Mais cette année écoulée est terminée, vidée, crucifiée et enterrée. Laissons les morts ensevelir leurs morts, nous dit l’Evangile (Luc 9,60). Parce que notre vie commence maintenant. Dans cette naissance que nous fêtons aujourd’hui. Et il ne s’agit pas d’un éternel re-commencement, d’une ritournelle, d’un cycle qui tournerait sur lui-même comme le serpent qui se mord la queue. Il ne s’agit pas non plus d’une vaine attente, bras ballants, répétant pour s’en persuader le mantra de la pensée positive « ça ira mieux demain ». Non, l’espérance qui nous habite n’est pas une attente mais une naissance, un commencement, un début, une nouveauté qui advient. Elle est l’instant qui vient et qui marque notre temps d’une trace indélébile. Du monde ne peuvent venir que des choses périssables. Et il n’est pas question de nier l’existence du mal mais bien de ne pas se laisser submerger par lui. Ce n’est pas lui qui peut décider de notre existence. Le commencement qui nous habite déjà est porteur d’avenir et par lui, tout est possible. Ce sont même quasiment les derniers mots de la Bible : « Voici, je fais toutes choses nouvelles ! » (Apo 21,5). Quel beau projet que de pouvoir se dire : « Aujourd’hui, c’est le premier jour de ma vie ! » Joyeux Noël !

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