Le dernier message du Christ

Lecture Biblique : Luc 24, 36-48

 

Prédication

La scène est d’importance : Après la rencontre sur le chemin d’Emmaüs où le Christ rompit le pain devant deux de ses disciples, ce texte rapporte la dernière apparition du Christ ressuscité devant ses disciples. Luc la situe à Jérusalem, alors que Jean la place sur les rives du lac de Galilée.

Le texte se sépare nettement en deux parties : la première où il se fait reconnaître de ses disciples (versets 36 à 42) suivie de la seconde où il répète pour la dernière fois l’essentiel de son message ; le tout étant suivi des trois versets de l’évangile de Luc, où Jésus est enlevé au ciel, répétition de l’Ascension.

Jésus se présenta brusquement au milieu de ses disciples, avec l’antienne de salutation : « Que la paix soit avec vous ». Cette apparition brutale suscita la crainte et l’effroi chez les disciples, alors que les femmes qui avaient découvert le tombeau vide et les deux anges n’avaient été frappées que de crainte. Ils crurent voir un esprit, un fantôme. Jésus s’inquiète de leur trouble et de leurs doutes, sans pour autant leur reprocher leur manque de foi. Ce propos, destiné aux disciples, s’adresse aussi à chacun d’entre nous, car lequel d’entre nous n’a jamais douté ?

Jésus leur montre alors ses plaies pour leur signifier qu’il est ressuscité non seulement en esprit mais aussi dans sa chair. Pour ce faire, il ne les invite pas à les toucher de la main mais seulement du regard, contrairement à l’épisode de Thomas l’incrédule dans l’Evangile de Jean, qui dut toucher la plaie du flanc causée par la lance des légionnaires pour croire. Mais les disciples s’étonnaient, et malgré leur joie, ils ne croyaient pas encore, Jésus a alors recours à un dernier argument, il leur demanda quelque chose à manger et ils lui présentèrent un morceau de poisson grillé. Ce qui convainquit les disciples. Ce geste appelle plusieurs commentaires : d’une part, une grande partie des scènes importantes de la Bible et des Evangiles se passent à table, des Noces de Cana, premier signe du Christ à la dernière Cène. D’autre part, le poisson grillé rappelle les deux multiplications des pains (et des poissons), et a longtemps servi, avec le pain et le vin, aux célébrations de la Cène dans la Chrétienté primitive et encore de nos jours, dans certaines églises orthodoxes. En conclusion de cette première partie, Jésus ressuscité mange pour affirmer son caractère vivant, la résurrection de la chair et célèbre une dernière fois la Cène, tout comme il avait rompu le pain à Emmaüs. Le poisson peut aussi être interprété comme le passage de la démonstration physique de la résurrection à la portée communautaire de la Cène, fondement de nos Eglises.

Dans la deuxième partie, après avoir convaincu ses disciples qu’ils sont en présence du Christ ressuscité, le Christ donne son ultime discours. Ce discours final n’est pas nouveau, mais réitère les grands principes de son enseignement.

Le Christ commence par affirmer l’accomplissement des Ecritures, l’Ancien Testament, et donne ainsi une lecture christologique des Ecritures. Il est un des premiers à les séparer en trois chapitres distincts, rajoutant à la Loi de Moïse et aux Prophètes, les Psaumes. Il insiste sur l’incompréhension des disciples qui n’ont pas su voir, ni compris les annonces que Jésus leur avait faites sur l’accomplissement de sa destinée, sa mort et sa résurrection. Luc reprend la parole : « Alors, il leur ouvrit l’intelligence pour comprendre les Ecritures ». Ce message, destiné aux disciples, s’applique en fait à tous, et à nous en premier : c’est un message universel : le Christ nous offre le privilège de nous ouvrir l’intelligence, par le biais de sa grâce universelle et généreuse, source de notre foi.

Puis le Christ donne nous donne son message d’universalité : Il commence par rappeler ses souffrances, sa mort et sa résurrection, dans une théologie très Paulinienne centrée sur la croix et la résurrection. Puis il parle du changement radical pour le pardon des péchés : certains utilisent les mots de conversion, ou la repentance plutôt que de changement radical. Ce changement radical sera proclamé en son nom à toutes les nations : ce message d’universalité montre le passage du message du Christ de son petit groupe de disciples à l’humanité entière : on passe ainsi du temps du Christ au temps de l’Eglise. On passe ainsi des témoins oculaires, disciples et apôtres, qui ont eu le privilège de connaître le Christ vivant ou ressuscité, comme dans ce texte de Luc, à tous les chrétiens qui depuis deux millénaires n’ont pas eu ce privilège. C’est dire que ce message nous est personnellement destiné. Nous reprenons le bâton de témoins, nous qui n’avons pu connaître le Jésus historique.

La dernière phrase de cet ultime texte de l’Evangile de Luc peut être interprété de deux façons : La première consiste à voir une transition entre l’Evangile de Luc et sa suite, les Actes des Apôtres : « Moi, J’envoie sur vous, ce que mon Père a promis ; vous, restez dans la ville, jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la puissance d’en haut ». C’est l’annonce évidente de la Pentecôte, qui ouvre les actes des Apôtres. Mais cette phrase, à part la mention de Jérusalem, est une promesse générale qui s’adresse à tous les chrétiens : c’est une profession de foi trinitaire, le Christ, le Père et le Saint-Esprit, qualifié ici de « puissance d’en haut ». L’esprit saint a ici une mission missionnaire, que nous pouvons, traduire dans l’esprit de Jean Calvin, par la grâce du seigneur.

Cette ultime parole du Christ est un encouragement pour tous les chrétiens depuis des siècles. Il nous demande, comme aux apôtres, de rester pour recevoir la grâce du Seigneur, et de nous confier aux Ecritures pour la recevoir et entretenir notre foi. Dans l’attente du  retour du Christ, restons fidèles à la devise de jean Calvin sole fide, solo scriptura : une seule foi, une seule écriture.

Amen !

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