L’Ascension

Ce chapitre initial des Actes des Apôtres fait immédiatement suite au dernier chapitre de l’Evangile de Luc (Lc 24,51) où l’Ascension de Jésus est brièvement rapportée : « Pendant qu’il les bénissait , il se sépara d’eux et fut enlevé au ciel ». Les Actes des Apôtres sont la seconde partie de l’Evangile de Luc, adressé comme celui-ci à Théophile, l’ami de Dieu. Contrairement aux deux autres évangiles synoptiques, son auteur ne faisait pas partie du cercle apostolique primitif, mais était un chrétien de la deuxième ou troisième génération, païen converti de culture grecque hellénistique. L’attribution à  Luc, compagnon de l’apôtre Paul et médecin est due à Irénée de Lyon vers 160 de notre ère.

Les trois premiers versets représentent l’articulation entre l’Evangile de Luc et les Actes des Apôtres. Ils représentent un digest de l’Evangile de Luc, mentionnant les faits de la vie de Jésus et son enseignement, puis ses apparitions aux apôtres après la Passion, qu’il évoque par  les mots « après avoir souffert ». Dans le troisième verset, il mentionne la durée de quarante jours : quarante est un chiffre biblique qui désigne une durée assez longue sans durée exacte (Maurice Carrez), temps d’épreuve ou de révélation : c’est pendant 40 ans que les hébreux errèrent dans le désert durant l’Exode ; c’est aussi pendant 40 jours que dura la tentation du Christ par le diable dans le désert. C’est donc l’origine des 40 jours qui séparent Pâques de l’Ascension.

Les deux versets suivants marquent la différence entre les apôtres et leurs successeurs , c’est-à-dire certes les contemporains de Luc, mais aussi nous-même qui sont les lointains descendants de ces premiers chrétiens. Les apôtres ont eu le privilège de rencontrer Jésus de leur vivant, ce que nous ne pouvons espérer, l’espoir de la Parousie restant lointain et inatteignable de notre vivant. Luc annonce ensuite la suite des événements : « Jean (le baptiste) a baptisé d’eau, mais vous, c’est un baptême dans l’Esprit Saint que vous recevrez d’ici peu de jours ». C’est l’annonce de la Pentecôte. Ces premiers versets des Actes des Apôtres constituent l’annonce des trois fêtes principales de la Chrétienté, Pâques, l’Ascension et la Pentecôte. C’est donc une variante de la confession de foi classique. Baptiser, c’est étymologiquement « plonger dans ». Le terme baptême dans l’Esprit Saint signifie donc que le croyant est plongé dans l’Esprit Saint qui le vivifiera pour une nouvelle vie.

Ensuite lors de leur dernière rencontre avec le Christ, les apôtres posèrent la question qui montre encore leur incompréhension des propos du Christ : ils lui demandèrent quand il allait rétablir le Royaume pour Israël : ils pensaient encore à la restauration du royaume davidique d’Israël et non au Royaume de Dieu promis par le Christ. Curieusement, le Christ ne répond pas implicitement à cette question et se contente de leur répondre que seul le Père a fixé de sa propre autorité les temps ou les moments de sa propre autorité : il ne précise dans un premier temps ni la nature du Royaume de Dieu, ni l’avènement de la Parousie ou temps de l’accomplissement définitif de sa parole pour le salut du monde.

Le Christ livre alors aux apôtres la suite des événements : « Vous recevrez de la puissance quand l’Esprit Saint viendra sur vous et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre ». Il annonce donc d’une part la Pentecôte et surtout le remplacement de la personne du Christ ressuscité par la puissance de l’Esprit saint, qui viendra sur eux. C’est la puissance de l’Esprit saint qui en fera des témoins. C’est sa puissance qui les mènera jusqu’aux extrémités de la terre, c’est-à-dire la lointaine Rome : ainsi s’achève l’annonce du plan des Actes des Apôtres. Ce programme de témoins est un message qui s’adressa certes aux apôtres désolés de l’absence de Jésus, mais aussi et plus généralement à tous ceux qui ne l’ont pas connu et donc à tous les chrétiens, et donc à chacun de nous personnellement : c’est donc un merveilleux message d’universalité à double titre, à toute l’humanité donc à chacun d’entre nous et en tous lieux. C’est la réponse que donne le Christ à ses apôtres mais aussi et surtout à nous tous.

Puis vint le moment proprement dit de l’Ascension, qui malgré la description du texte des Actes reste emprunte de mystère. Jésus disparait dans une nuée : il devient donc invisible à ses disciples, tout comme à nous aujourd’hui. La nuée est un vieux symbole de l’Ancien testament qui signale la présence de Dieu tout en le masquant à la vue des humains, comme quand Moïse le rencontra sur le Mont Sinaï. Luc emploie deux mots pour qualifier cet épisode miraculeux de l’Ascension : élever et enlever. Jésus s’élève dans une nuée et est enlevé à la vue de ses disciples : son  séjour terrestre est achevé jusqu’à la Parousie. L’Ascension marque la disparition de Jésus aux yeux des apôtres et donc à nos yeux : c’est donc un moment fondamental de l’histoire : le temps de la présence physique de Jésus est achevé et vient le temps de l’Eglise. S’y ajoute une apparition de deux hommes en habits blancs, qui paraissent correspondre aux deux hommes en vêtements éblouissants qui apparurent aux femmes devant le tombeau vide, à moins qu’il ne s’agisse de Moïse et d’Elie, apparus lors de la Transfiguration. Ces deux hommes en habits blancs adressent aux apôtres un message sans ambages : « Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous là à scruter le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel du milieu de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu aller au ciel ».

Plutôt que de s’interroger sur le mystère de  l’Ascension, il vaut mieux considérer que nous fêtons la disparition de Jésus en tant que personne physique et son absence jusqu’à nos jours. Mais ce texte annonce son remplacement par l’Esprit saint, effecteur de la grâce de Dieu qui guide nos pas, et par l’annonce de la Pentecôte, qui marque l’envolée du témoignage, du zèle missionnaire et la création de l’Eglise. Tenons- nous à son dernier message, qui marque la célébration de ce jour et qui est toujours à l’ordre du jour : Jésus nous a été enlevé et il a été remplacé par l’Esprit saint, qui par la grâce de Dieu, nous a transformé en témoins de sa parole et a nourri notre foi.

Amen !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Eglise Réformée Unie du Saint-Esprit                           Culte du 18 mai 2023

 

Texte du jour : Actes des Apôtres, 1, 1-11.

La prédication en quelques phrases :

Ce premier chapitre des Actes des Apôtres relate l’Ascension de Jésus après une dernière conversation avec les apôtres. Il leur annonce le futur baptême par l’Esprit saint (la Pentecôte), sa puissance qui les transformera en témoins de l’universalité de la Parole. Il exclut la parousie prochaine et pour finir, il est élevé dans une nuée et enlevé à leurs yeux. Ce message reste très actuel et s’adresse à tous les hommes, à chacun d’entre nous. C’est aussi un message d’universalité. La puissance de l’Esprit saint, effecteur de la grâce du seigneur, remplace la présence de Jésus, que seuls les apôtres ont connu avant et après sa résurrection.

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