La prière et la foi

Aujourd’hui, c’est un peu spécial (assemblée d’automne) mais si vous regardez bien le livret de liturgie ordinaire, celui du temps de l’Eglise, vous voyez qu’il y a de nombreuses étapes au cours d’un culte.

Nous exprimons, le temps d’un culte (comme dans la vie), diverses prières :

  • Prière de louange, c’est un temps de remerciement ou d’adoration.
  • Prière de repentance, de confession du péché, dans laquelle nous exprimons notre faiblesse.
  • Prière dite d’appel à l’Esprit saint ou d’illumination qui nous prépare à l’écoute du texte biblique et de la prédication
  • Prière d’intercession dans laquelle nous pensons au monde au sein duquel nous sommes appelés à dire notre espérance, nous prions pour les personnes en difficultés, les malades etc….

Rien que dans un culte, diverses formes de prières s’expriment donc. C’est la prière communautaire.

Nous prions aussi lorsque nous sommes seuls, de manière plus personnelle et intime.

Qu’attendons-nous de ces prières ? Comment réagissons-nous lorsqu’on se heurte au silence et que rien ne se passe ? On peut se dire : « je n’ai pas prié avec assez de foi ? J’ai prié de manière égoïste. Ça c’est mettre la faute sur nous, Dieu ne répond pas parce que je ne suis pas assez bien. Ou encore, le doute nous assaille, y a-t-il un Dieu qui répond à nos prières… etc… ? À moins qu’il ne faille remettre en question notre compréhension de la prière ?

Voyons ce que Jésus en dit dans cette parabole rapportée par l’évangéliste Luc. Le but de cette parabole est clairement explicité : « Jésus leur dit une parabole pour montrer qu’il faut toujours prier et ne pas se lasser ». Puis, il raconte cette histoire de juge qu’il faut importuner, seriner jusqu’à ce qu’il cède. Dieu ressemble-t-il à ce juge, ressemble-t-il à ces parents usés par les réclamations des enfants qui finissent par céder, pas de bon cœur mais pour avoir la paix ?

Une parabole qui se trouve juste trois chapitres avant celle-ci est celle dite du fils prodigue (Luc 15,  culte de rentrée, le 18 septembre dernier) « quelle joie de retrouver ce qu’on aime et qu’on avait perdu ! » Une interprétation de cette parabole nous permet de comparer Dieu à un père aimant attendant le retour de son fils égaré, un père patient, plein d’amour et compatissant, le fils de retour ne peut même pas terminer sa phrase que le père a déjà commandé aux serviteurs de préparer la fête, une fête d’accueil et de retrouvailles, le fils n’a pas besoin de le supplier pendant des jours et des années, non, sans aucun délai, le père accueille ce fils de retour.

Ici, nous sommes face à un juge qui se fait prier, qui détourne son regard de cette pauvre veuve qui incarne la faiblesse et la dépendance, qui n’a d’autres recours que sa persévérance, qui n’a d’autres recours que de ne pas lâcher le morceau, de ne pas baisser les bras, elle n’a rien à perdre et elle a décidé d’arracher son soutien au juge qui refuse de le lui accorder. Face au juge, la situation de cette pauvre femme semble bloquée, que peut-elle espérer d’un juge dont il est dit qu’il ne craint pas Dieu et n’a d’égard pour personne ? Pourtant, son insistance va finir par faire réfléchir le juge qui se décide finalement à agir, non pour la bonne cause, et faire justice, mais pour avoir la paix, pour être tranquille. Par peur aussi, on pourrait traduire le verset dans le sens ou « de peur qu’elle ne vienne me casser la figure ! » Ainsi la persévérance de cette femme a eu gain de cause.

 

Que faire aujourd’hui de cette parabole ? Dieu ressemble-t-il à ce juge auquel nous devons arracher des bénédictions qu’il ne veut pas donner ? Ce n’est pas tout à fait l’image que nous en donne la parabole du fils prodigue que je viens d’évoquer !
Jésus dit : « écoutez, entendez » c’est à dire, il y a quelque chose à comprendre là. Nous sommes dans la comparaison, non pour montrer que Dieu est comme ce juge, mais pour relever cette fois le contraste entre Dieu et ce juge. Ce juge qui n’a égard pour personne, fini par céder de dépit, alors à combien plus forte raison, Dieu, le père compatissant et plein d’amour prête-t-il une oreille bienveillante à nos prières. Mais alors, pourquoi ressentons-nous parfois ce silence, avons-nous l’impression de ne pas être entendu ? Peut-être faut-il remettre en question notre compréhension de la prière, en étant attentifs à la dernière phrase du texte : « Quand le fils de l’homme viendra, trouvera t-il la foi sur la terre ?

Frères et sœurs, cette parabole sur la prière est mise en relation avec la foi. La foi c’est une relation de confiance et qui dit relation dit échange. Dieu attend de nous que nous échangions avec lui par le moyen de la prière. « Il faut toujours prier et ne pas se lasser ». Cette parabole a été mise par écrit bien après le départ de Jésus, à la fin du Ier siècle, et les chrétiens sont dans l’attente de sa venue, mais il tarde à venir. Ces chrétiens rencontrent de l’opposition, l’hostilité grandit à leur égard et le risque de laisser tomber, le découragement n’est pas loin. Cette veuve les représente, les encourage, elle représente chacun d’entre nous dans notre faiblesse et notre découragement, lorsque nous avons l’impression de nous heurter au silence, lorsque nous ne comprenons pas ce qui se passe et que l’on se sent abandonné à son sort. « Il faut toujours prier et ne pas se lasser » est une manière de dire : ne nous lassons pas de cette relation à Dieu qui fait vivre, c’est là que nous trouvons la force quotidienne pour vivre les événements que nous avons à vivre.

Cette parabole nous enseigne la persévérance, la patience au sein des événements que nous ne comprenons pas. La patience et la persévérance quand l’avenir semble sombre ou même parfois sans issue. Elle nous enseigne la priorité de la relation de confiance sur le découragement, être en relation, c’est se savoir accompagné, c’est recevoir de Dieu l’assurance tranquille que nous ne sommes pas seuls dans les moments les plus difficiles. Ainsi, la prière est avant tout relation, Dieu n’est pas un distributeur de ceci ou cela, mais l’accompagnateur de nos vies, d’où l’importance de prier sans cesse sans jamais se lasser.

Moïse dans le combat avait besoin de ne pas baisser les mains pour remporter la victoire (Exode 17). Quand ces mains fléchissaient, on a trouvé le moyen pour le soutenir. Belle image de la persévérance dans la prière, qui nous aide dans la lutte contre tout ce qui nous assaille et cherche à nous flanquer par terre. Belle image aussi pour parler du soutien dans la prière, quand nous n’avons plus de force, la prière des autres nous soutient. C’est dans la prière que nous recevons la force de vie. La prière peut nous permettre de comprendre et de vivre les événements qui surviennent autrement, quels qu’ils soient.

Frères et sœurs, il est temps de conclure :

La prière est relation avec un Autre, un extérieur à nous-même que nous nommons Dieu, qui nous permet de vivre le quotidien différemment, elle nous replace dans la confiance en celui qui nous accueille tels que nous sommes, faibles et pauvres, comme cette veuve indigente qui a su espérer contre toute espérance. C’est pourquoi Jésus dit cette parabole pour montrer qu’il faut toujours prier et ne pas se lasser, une manière de dire qu’une relation de confiance se vit, s’entretient. Sans cette relation, les chrétiens dans l’adversité perdront pied.

 

Sans la prière, ce qui nous agresse peut avoir le dessus ; dans la prière, nous pouvons y faire face. C’est cette relation qui nous fait vivre. C’est cette relation qui nous est vitale et que Dieu ne nous refuse jamais lorsque nous la demandons.

Nous découvrirons alors que c’est Lui qui s’invite et qui vient prier en nous.

Amen !

 

 

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