Jésus confie ses disciples à l’Esprit saint

Ce texte est la réponse que donne Jésus à un de ses disciples, Judas, non pas l’Iscariote, celui qui a trahi le Christ, nous précise le texte de l’apôtre Jean ; sa question était : « Seigneur, comment se fait-il que tu doives te manifester à nous et pas au monde ? » Jésus lui répondit : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon père l’aimera ».

Cette question survient immédiatement après que Jésus leur ait annoncé sa séparation, sa passion et qu’il leur ait dit que son départ sera sa glorification. On comprend donc l’angoisse de l’autre disciple qui porte le nom de Judas : pourquoi Jésus s’est-il adressé et manifesté aux seuls disciples et non pas au monde entier ? Cela doit être replacé dans l’ambiance dans laquelle l’Evangile de Jean a été écrit, dans les dernières années du premier siècle vers 90 : les chrétiens étaient en attente du retour du Christ, la Parousie, qu’ils croyaient imminente, et ne comprenaient pas que la Parole de Jésus n’ait pas été adressée directement à la multitude. C’est ce qui rend ces quelques versets d’une actualité toujours présente, car, tels les disciples, nous sommes toujours en attente de la Parousie, du retour du Christ au dernier jour.

La réponse de Jésus est claire : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole et mon père l’aimera ; nous viendrons à lui et nous demeurerons près de lui. » Il déplace la relation privilégiée entre lui et ses disciples, et fait un parallèle entre ses relations avec ses disciples et la relation du Fils avec le Père. Et il insiste : « Et La parole que vous entendez n’est pas la mienne, mais celle du Père qui m’a envoyé ». L’Evangile de Jean est celui de la primauté de la Parole, comme il l’annonce dans le premier verset de son Evangile : « Au commencement était le Verbe » ou selon les traductions « Au commencement était la Parole ». La Parole de Dieu est donc le fondement de de notre foi, et la réception de la Parole de Dieu est opérative par la Grâce du Seigneur.

Jésus nous dit aussi ce qu’il entend par là : « Nous viendrons à lui [le Père] et nous ferons notre demeure près de lui. » Ce qui peut s’interpréter à la fois comme l’annonce du Royaume à la fin des temps et la constitution de l’Eglise de notre temps.

Puis Jésus explique ce qui se passera quand il ne sera plus là parmi ses disciples : « Mais c’est le Défenseur, l’Esprit saint, que le Père enverra en mon nom, qui vous enseignera et vous rappellera tout ce, moi, je vous ai dit. ». Attardons-nous sur le mot Défenseur, employé dans la nouvelle Bible Segond, qui traduit le mot grec Paraclet, employé jusque-là dans de nombreuses traductions de la Bible sans être traduit. Ce mot grec dont le sens littéral est « Appelé après » est utilisé par l’apôtre Jean dans le sens d’avocat, d’assistant, de consolateur ou de défenseur. Selon le commentaire du pasteur Carrez, « Jésus est le défenseur de ses disciples auprès du Père, car il est victime expiatoire pour tous les péchés ». Ce Paraclet, Défenseur ou Esprit sain enseignera, tout en illuminant le sens des paroles que Jésus semblait avoir prononcées en vain : cet enseignement dans le texte de Jean s’adressait aux disciples, mais s’adresse aussi à nous tous les chrétiens depuis cette époque jusqu’à nos jours et reste toujours d’actualité.

Puis Jésus, dans ce texte, qui est un véritable testament destiné à ses disciples, puis à nous tous, nous donne son message principal : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ». Cette paix est la paix du Christ, la paix de l’amour absolu que lui seul peut donner et transmettre et qui est plus fort que la mort. Car, la paix du Christ n’est pas la paix au sens où nous l’entendons c’est-à-dire l’absence de guerre, mais l’absence totale de violences, de conflits, c’est-à-dire l’amour absolu en Christ.

Enfin, Jésus s’adresse à ses disciples pour les rassurer, eux qui s’attendaient à la Parousie imminente, à son retour rapide : « Je m’en vais et je viens à vous. Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je vais vers le Père, car le Père est plus grand que moi. » Jésus incite ici les disciples à l’obéissance à sa Parole, de même qu’il obéit au Père, en se soumettant à la Passion. Ce message s’adresse à nous tous qui sommes les successeurs des disciples.

Reste que ce texte n’explicite pas la nature de l’Esprit saint, qui reste le plus mystérieux des trois acteurs de la trinité. Dans l’ancien Testament, l’hébreu rouah ou, dans la traduction des Septante, le grec pneuma sont traduits par le mot souffle comme en témoigne le deuxième verset de la Genèse : « La terre était un chaos, elle était vide ; il y avait des ténèbres au-dessus de l’abîme, et le souffle de Dieu tournoyait au-dessus des eaux ». Dans le livre d’Esaïe (4,4), le souffle est l’instrument du Seigneur : « Après que le Seigneur aura lavé les ordures des filles de Sion et nettoyé Jérusalem du sang qui est en son sein, par un souffle d’équité et par un souffle de destruction, le SEIGNEUR créera sur toute l’étendue du mont Sion et sur les assemblées convoquées une nuée et de la fumée pendant le jour et la clarté d’un feu flamboyant pendant la nuit ». Dans l’Ancien Testament, le souffle ou esprit de Dieu témoigne de la puissance opérative du Seigneur.

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