Je connais mes brebis et elles me suivent … personne ne les arrachera de ma main

 

A l’occasion de la fête de la purification du Temple, dite de la « dédicace », les responsables religieux juifs soupçonnent Jésus de blasphème. L’homme affirme, en effet, être l’envoyé de Dieu, le Christ. Ne pouvant supporter plus longtemps cette injure, ils encerclent Jésus dans le temple, puis le somment de se prononcer ouvertement devant témoins.

Qui dis-tu que tu es réellement ?

Ou pour reprendre mot à mot la question des Juifs adressée à Jésus : « Jusques à quand tiendras-tu notre âme en suspens ? Si toi, tu es le Christ, dis-le nous ouvertement. » Jn 10, 24

Bien que Jésus les renvoie à ses déclarations précédentes ainsi qu’à l’œuvre qu’il a déjà accomplie, ses interlocuteurs ne croient pas. « Je vous l’ai dit et vous ne croyez pas » Jn 10, 25

Alors, pour signifier l’étroite relation qui le lie à ceux qui le suivent, Jésus reprend le thème du berger et des brebis qu’il venait d’utiliser peu de temps avant (début du chapitre 10).
Paradoxalement, on retrouve donc la reprise de ce thème rassurant dans un contexte très polémique.
Le début de cette scène préfigurant, comme on le remarquera, le procès qu’intenteront à Jésus, quelques jours plus tard devant le Sanhédrin, ces mêmes responsables religieux. Procès qui le conduira à la mort.

Bien que sécurisant donc, ce thème du berger et des brebis, est étroitement lié à la confession de foi. Qui est pour nous, personnellement, le Christ ? Parce qu’il est clair que la condition préalable pour devenir une brebis du berger est d’avoir écouté et répondu à sa voix !

 

Frères et sœurs,
Le succès de la paisible image pastorale, la vision sécurisante du troupeau, nous font parfois oublier que ces comparaisons ne valent que pour autant que nous ayons d’abord confessé que le Christ était bien le Seigneur de nos vies, qu’elles n’ont de sens que pour autant que nous soyons toujours à l’écoute de sa voix ! Confession qu’en dépit des œuvres déjà accomplies par Jésus, de ses paroles et de ses nombreux enseignements, les chefs religieux ne veulent pas prononcer.

Ils ne manquent pourtant pas d’informations de premières mains !

N’ont-ils pas ce privilège énorme de lui être contemporains, d’être des auditeurs et des observateurs directs de ses paroles et de ses actes ? Quelles certitudes les empêchent donc de croire ? « Vous ne me croyez pas, parce que vous n’êtes pas de mes brebis », constate Jésus, avant de préciser : « Mes brebis écoute ma voix ». Jn 10, 26.27

J’attire votre attention sur ce pronom qu’utilise Jésus. Il souligne, en effet, que c’est d’abord sa personne qui est mise en doute par les incrédules. Par voie de conséquence, sa parole et ses actes le sont aussi. Comment serait-il possible de recevoir son message et de comprendre ses actes si sa personne est rejetée par avance ? Toute rencontre suppose une ouverture à l’autre, un premier acte de confiance à son égard.

A l’opposé, les brebis sont donc des hommes et des femmes qui ne se sont pas fermés a priori à sa voix, qui lui faisant confiance et, écoutant sa parole, le reconnaissent comme étant leur berger. Est-ce dire, comme les célèbres moutons de Panurge, qu’elles suivent le premier venu en bêlant bêtement ?
Pour le seul confort de n’avoir rien à décider ?
Parce qu’elles n’ont rien à vivre personnellement ?

Bien sûr que non !

Non seulement il leur a fallu être disponibles pour être en mesure d’écouter la parole du Christ, pour en comprendre la teneur et la portée, puis pour prononcer ce « oui » de la confiance qui est celui de la foi.

Sans cette ouverture première des cœurs, sans le barrage de certitudes que nous dressons souvent a priori à l’appel de l’autre, aucun événement nouveau ne peut intervenir dans nos vies !

Mais surtout, comment entendrions-nous le Christ qui nous appelle toujours le premier si nous sommes emmurés dans nos refus, si nos oreilles sont bouchées, puisque prioritairement la vie chrétienne est une question d’écoute, écoute de la parole de Dieu, mais aussi écoute de l’autre, du prochain ?
Cette écoute justifie, d’ailleurs, que la « suivance » du berger n’est pas passive. Elle s’étire dans le temps, colore nos actes, ponctue nos décisions. L’écoute de la Parole de Dieu devenant ainsi la trame dont nous tissons l’histoire de notre vie.

C’est pourquoi le Christ-berger assure les brebis qui le suivent, qu’il leur donne, dès ici-bas et pour ici-bas, la vie « éternelle ». Cette expression de vie éternelle est souvent mal comprise. Elle ne concerne, en effet, pas la vie dans l’au-delà, mais bien la vie sur terre. Elle veut signifier que cette vie à l’écoute du berger est une vie pleine et riche, et non pas une survie, une suivance passive et frileuse.

Mais, dès lors que le chrétien se lance pleinement dans l’action, la rugosité de la vie l’atteint immanquablement. Lequel d’entre-nous ne connaît pas des moments de découragement, ne traverse pas des doutes ?

« Personne ne pourra arracher mes brebis de ma main ».

Voici l’ultime assurance que nous donne le Christ. De la même manière que lui et le Père sont unis, ainsi nous tient-il dans sa main. L’image du lien qui unit le berger à ses brebis prend ici tout son sens. Ce lien est, en effet, indestructible. Qu’au cœur de l’action les vents viennent à se lever, que le découragement nous terrasse devant la difficulté, que la révolte sourde au fond de notre cœur au temps de la souffrance, jamais le Christ ne relâchera sa main qui nous soutient. Il est semblable à un berger qui ne laissera jamais à l’arrière de son troupeau une brebis se perdre !

Ecoutons une dernière fois le texte biblique :

« Mes brebis écoutent ma voix, et elles viennent à ma suite. Je leur donne la vie éternelle ; elles ne périront jamais, et personne de les arrachera de ma main. Mon Père, qui me les a données est plus grand que tous ; et personne ne peut les arracher de la main du Père. Moi et le Père, nous sommes un. »

Jean 10, 27-30

Et toi, qui dis-tu que je suis ?

… Amen !

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