« Etre une bonne terre » Galates 5, 22-26 / Marc 4, 1-20

Les paraboles : S’il fallait résumer en une phrase ce que c’est, ce serait sans doute difficile à faire… Une parabole est à la fois simple et compliquée. Simple, car elle a souvent peu d’acteurs, peu de personnages présents. Simple, car Jésus, utilise des mots simples et des situations dans lesquelles son auditoire se retrouve. Mais une parabole est aussi compliquée car derrière cette facette simple, la « morale » de ces paraboles n’est pas évidente à saisir. La preuve pour ce texte, la parabole du Semeur est sans aucun doute l’une des plus connues. Elle n’est pas très difficile à comprendre, notamment parce que Jésus lui-même l’explique à ses disciples ! Ce n’est pas le cas de toutes les paraboles… Il y a eu beaucoup de commentaires, d’interprétations sur cette parabole. J’en citerai un, celui de Rodolphe Bultmann : « Est-ce une consolation pour chaque homme quand son travail ne porte pas de fruit ? Est-elle un monologue de Jésus à moitié résigné, reconnaissant ? Est-ce une exhortation ? N’y avait-il dans la parabole aucune réflexion ? »

Le propos de Jésus est assez mystérieux. C’est pourquoi, pour essayer de comprendre, nous allons nous concentrer ce matin sur la deuxième partie du texte, à savoir l’explication de l’explication de la parabole. Vous me suivez toujours ? L’idée générale de cette parabole tourne autour de la réception de la parole de Dieu. Lorsque la parole de Dieu est semée (par la prédication, le témoignage, ou simplement la lecture de la Bible), tout le monde ne la reçoit pas de la même façon. Il est important de préciser que la parabole ne cherche pas à enfermer les individus dans telle ou telle catégorie comme si chacun devait entrer une fois pour toute dans la catégorie « bord du chemin », « plantes épineuse » ou  » bonne terre » ! Il est préférable de considérer que nous pouvons tous être, alternativement, les différents terrains. Et que la seule façon de laisser la semence de la parole de Dieu porter du fruit dans notre vie, c’est d’être de la bonne terre ! Mais pour comprendre ce qu’est la bonne terre, il faut d’abord comprendre ce que peuvent être les mauvais terrains.

Nous voyons ainsi le premier exemple de l’explication de cette parabole : Quand Jésus parle du « bord du chemin », ce sont les gens qui entendent la Parole. Mais, comme il est écrit au verset 15, Satan arrive tout de suite et il enlève la Parole semée dans leur cœur, et cela a des conséquences compliquées… Connaissez-vous l’expression : « ce que l’on te dis, ça entre par une oreille et ça ressort par l’autre ! » ? En lien avec cette parabole, nous pouvons dire un peu la même chose. La semence ne trouve même pas de terre où se fixer, la parole n’atteint jamais vraiment le cœur. Le bord du chemin, c’est donc une insensibilité à la parole de Dieu.

Jésus explique cette insensibilité par l’intervention de Satan, l’adversaire. Nous n’aimons pas trop parler de lui, prononcer son nom. C’est un peu facile, voir irrationnel pour nous de tout lier à Satan quand on rencontre un obstacle… Mais dans ce cas, l’intervention de Satan au bord de ce chemin elle s’explique par des causes extérieures. Une façon de dire que parfois, dans l’épreuve, nous ne sommes plus capables d’entendre Dieu nous parler. L’épreuve est trop forte, le cœur trop lourd pour accueillir la parole de Dieu… Le drame, c’est quand cet état de fait dure. Mais des moments de désert spirituel, presque tous les croyants en connaissent un jour ou l’autre.
La bonne nouvelle, c’est que le Semeur continue de semer, malgré tout ! C’est la grâce de Dieu ! C’est cette persévérance ! C’est ça l’Évangile : la Bonne Nouvelle !

Maintenant, venons-en au deuxième exemple de Jésus : Le sol plein de pierres, ce sont les gens qui entendent la Parole, et qui la reçoivent aussitôt avec joie. Mais la Parole n’a pas de racines en eux, ils changent facilement d’avis. Ensuite, il est écrit aux versets 16 et 17 que quand il y a une difficulté, ou quand on veut les faire souffrir à cause de la Parole, ils abandonnent tout de suite.

Cette fois la parole est entendue. Elle est même reçue, et avec joie en plus ! Le problème, c’est qu’elle ne prend pas racine… On pourrait parler d’un accueil superficiel, même s’il est sincère.

C’est un peu la parole qui fait du bien au moment où on l’entend mais qui est vite oubliée dans le quotidien. La prédication qui fait du bien le dimanche mais qui n’a aucune incidence dans ma vie dans la semaine par exemple…

Dans la parabole, la graine pousse dans ce sol plein de pierres. Elle pousse même tout de suite. Mais elle sèche presque aussitôt. Ce qu’elle produit c’est la joie, une émotion, une expérience instantanée.

En réalité, on sait qu’une parole a pris racine quand elle résiste à l’épreuve du quotidien. Si elle a besoin du culte, des grands rassemblements, des émotions fortes pour germer, c’est qu’elle n’a pas pris racine. Quand elle reste vivace dans la difficulté du quotidien, qu’elle continue de résonner en nous dans le tourbillon de nos vies quotidiennes, c’est qu’elle a vraiment pris racine en nous.

Le troisième exemple de Jésus, le sol couvert de plantes épineuses, ce sont les gens qui entendent la Parole, mais qui s’inquiètent pour les choses de ce monde. Ils cherchent de fausses richesses et ils ont beaucoup d’autres désirs. À cause de cela, la Parole est étouffée, et elle ne produit rien. Ici, la graine ne pousse même pas… mais moins à cause de la terre elle-même qu’à cause des plantes épineuse qui y ont déjà poussé. Elle ne pousse pas parce que la place est prise : il n’y a pas de place pour une autre plante ! Pour que la parole de Dieu puisse germer et porter du fruit, il faut que nous lui laissions de la place dans notre vie et dans notre cœur. Et peut-être faudra-t-il d’abord débroussailler, pour qu’elle puisse prendre racine en nous. Ce sont nos préoccupations, nos centres d’intérêts qui sont en cause ici. Nous avons tous multiples préoccupations.
Comment une parole de Dieu pourrait-elle prendre racine dans mon cœur si toutes nos pensées sont tournées vers d’autres préoccupations ?
Comment la parole de Dieu pourrait-elle changer quoi que ce soit dans nos vies si tout ce que l’on veut vraiment se trouve ailleurs ? La parole de Dieu, pour porter du fruit en nous, doit pouvoir respirer. Elle ne produira rien en nous si la place est déjà prise, si elle est étouffée par des désirs profonds, des préoccupations ou des ambitions qui proviennent d’ailleurs…. Au verset 20, il est écrit que « La bonne terre, ce sont les gens qui entendent la Parole et qui la reçoivent. Ils donnent des fruits : les uns 30, d’autres 60, d’autres 100 ! » En fait, comprendre ce qu’est la bonne terre, cela parait compliqué mais en réalité, la bonne terre, n’est-ce pas celui qui entend la Parole et la reçoit ? Celui qui l’écoute, celui qui lui laisse le temps de prendre racine, celui qui lui laisse une place de choix dans sa vie, dans ses projets et ses préoccupations ?
Cependant, il faut préciser que toutes les bonnes terres ne donnent pas le même nombre de fruits ! Il y a des moments dans notre cheminement chrétien où les choses avancent vite, où l’action de Dieu en nous est manifeste et évidente. Des moments où l’on produit 60 ou 100 fruits ! Et il y a aussi des moments où les progrès sont moins flagrants, où l’on produit seulement 30, ou 10, ou moins de fruits encore… Mais la constante est que la parole de Dieu, lorsqu’elle est vraiment reçue, produit du fruit en nous.

Et ces fruits se mesurent moins le dimanche au culte que durant la semaine, dans notre vie familiale, professionnelle, personnelle. Des fruits, qui ont été lus dans la lettre de Paul aux Galates, ces fruits qui se nomment amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, maîtrise de soi…
Des fruits qui se manifestent dans nos relations, dans nos paroles et nos actes. Des fruits qui rendent gloire à Celui qui a semé sa Parole en nous.

Nous avons parlé des terrains, très peu du Semeur. Il ne faudrait pas l’oublier ! Car sans Semeur pas de semence, et sans semence, nous avons beau être de la très bonne terre, rien n’y poussera ! On pourrait dire qu’il n’est pas très habile ce Semeur. Qu’il pourrait ne pas gaspiller de semence en sélectionnant mieux les endroits où il sème ! Mais ce n’est pas un hasard si son geste est large et s’il sème même dans des terrains peu propices. C’est parce qu’il n’en est pas de notre cœur comme d’un champ dans la nature… Notre cœur peut changer, en bien ou en mal.

Et même dans les terrains les plus arides, toutes les semences ne sont pas enlevées par les oiseaux. Une semence restée stérile pendant des années peut finir par prendre racine et germer dans un cœur transformé.

Avec la parabole du Semeur et son explication, Nous avons donc ici une parabole remarquable où Jésus nous invite à faire preuve de pédagogie, de patience, de disponibilité de cœur et d’esprit. Demandons au Seigneur que notre cœur soit une bonne terre, disponible et fertile, où sa parole pourra prendre racine et porter du fruit.

Amen.

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