“Blessés et vivants !” Méditation pascale pour un temps de confinement

Les chrétiens seraient bien inspirés de rester à l’écoute. Quand par exemple le directeur du journal Libération pointe du doigt les croyants, nous devons entendre la question qu’il pose : « Il faut bien dire, toute révérence gardée, que c’est parmi les croyants les plus convaincus, les plus rigoureux, qu’on trouve les alliés les plus zélés du coronavirus. » écrit-il. Et de jeter pêle-mêle dans le même sac, les évangéliques de la porte ouverte chrétienne de Mulhouse, ceux d’Amérique, de Singapour ou de Corée, les ayatollahs d’Iran, les ultra-orthodoxes d’Israël ou de New York comme les fondamentalistes musulmans de New Delhi.
En tant que croyants convaincus, à tort ou à raison, on peut se sentir interpelés : « Il faut bien admettre que la religion ne joue pas toujours un rôle positif dans cette pandémie, en tout cas dans la version intégriste, qui ajoute à la pathologie des corps une pathologie de l’esprit. Partout, c’est le même raisonnement qui est tenu : s’il y a peu de malades, on rend grâce à Dieu pour la protection qu’il accorde aux croyants ; s’il y en a beaucoup, on explique le fléau par la colère du même Dieu devant le comportement impie de la population concernée. »
Alors… Que toutes les religions puissent être sujettes à l’obscurantisme, on ne l’apprend pas, c’est vrai. Que l’intégrisme soit mortifère pour la santé physique et mentale, nul ne cherche à le nier ni à le contester. Et que ce soit l’occasion rêvée de ridiculiser tous les croyants en les faisant passer pour de dangereux imbéciles au fond, cela ne nous étonne guère : la désignation d’un bouc émissaire correspond à une paresse intellectuelle bien dans l’air du temps. Elle ne mériterait de notre part aucune remarque si elle ne venait blesser inutilement des milliards d’individus que la foi tient debout en ces temps difficiles.
Alors il nous faut oser réaffirmer clairement, sereinement : Non, Dieu ne réserve pas son amour aux seuls croyants. Pas plus qu’une pandémie ne cache quelque punition que ce soit d’ailleurs. Reste aux chrétiens convaincus que nous sommes à se montrer porteurs de résurrection ici et maintenant. Histoire d’apporter un démenti joyeux à ces propos malencontreux. Blessés peut-être mais vivants ! Vivants parce que ressuscités. Joyeuses Pâques !

Samuel Amédro – 7 avril 2020

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2 commentaires

  • Oui, soyons fiers de ce que nous sommes et ce en quoi nous croyons, sans ostentation, ni provocation, ni rancœur. Et sans tomber dans le piège tendu par ceux qui s’auto-proclament les défenseurs de la bien-pensance et qui font de l’amalgame un argumentaire.
    Finalement, remercions et pardonnons à ceux qui ont voulu nous critiquer.
    En nous attaquant ils nous ont fait prendre conscience, certes, de nos faiblesses mais aussi de nos forces.
    « Blessés et vivants », je serais tenté de dire « blessés donc vivants ».

    Ecclésiaste: 9.4 Pour tous ceux qui vivent il y a de l’espérance ; et même un chien vivant vaut mieux qu’un lion mort.

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    • même un chien vivant vaut mieux qu’un lion mort… c’est un verset qui a servi de super à une prédication flamboyante de résistance d’un pasteur parisien pendant la dernière guerre mondiale…
      Merci Sylvain

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