Jésus s’invite chez Zachée

Petit exercice de diction pour commencer :

« Jésus et Zachée »
« Jésus s’invite chez Zachée »
« Jésus loge chez Zachée »

Vous êtes prêts ? Allons-y, … par étapes … répétez après moi : 

Jésus, « Jésus »
Jésus loge, « Jésus loge »,
Jésus loge chez, « Jésus loge chez »
Jésus loge chez Zachée, « Jésus loge chez Zachée ».

Formidable ! Tout le monde est prêt ? Allons-y !

La scène que nous venons d’entendre dans l’évangile de Luc se passe à Jéricho. En chemin vers Jérusalem, Jésus entre dans Jéricho. La foule se presse sur le chemin…

Jésus et Zachée

Zachée, lui, est le chef des péagers, des collecteurs d’impôts. Zachée est « coincé » car son nom en hébreu, signifie : « pur, innocent » et son métier, au service de l’occupant romain le qualifie de pécheur et d’impur pour les villageois et les chefs religieux. Coincé Zachée ! Zachée serait l’abréviation de Zacharie (Le Seigneur se souvient). Vous l’entendez, son nom contient malgré tout une promesse. Et Jésus l’appelle précisément par son nom. En le nommant, Jésus fait retentir une promesse. Zachée ne peut donc que s’étonner et se réjouir d’être appelé par son nom ! Il est certes riche et puissant, mais il est aussi mal aimé, pas estimé, rejeté par tous, car non seulement chacun doit payer des impôts, ce que personne ne fait de gaieté de cœur, mais chacun sait que Zachée prélève une forte part pour lui-même ! Zachée est l’infréquentable par excellence. Ainsi Zachée a des contradictions difficiles à vivre !
Mais là, pour le moment, il veut voir qui est Jésus. Derrière ce désir de voir qui est Jésus, peut-être que Zachée s’interroge sur lui-même : « Et moi, qui suis-je ? Riche et pauvre en même temps ! ». Pour le moment, il n’écoute que son désir et, comme la foule ne le laisse pas passer, il va courir, lui, le notable de Jéricho, et grimper à un sycomore, une sorte de figuier, pour être en haut et bien voir. Comme un enfant ! En fait, il veut voir, mais il tient sans doute à rester discret : si Jésus est bien le Messie que l’Ecriture annonce, il vient pour chasser l’occupant romain et ceux qui travaillent avec eux ! Alors Zachée veut bien voir, mais ne veut pas être vu par ce Jésus qui pourrait être une menace pour lui et ceux de sa profession !

Or, il se trouve que Jésus, qui marche depuis longtemps, a faim, a soif et a besoin de se reposer. Il lui faut demeurer quelque part aujourd’hui ! Comme pour tout homme, ce besoin-là est impérieux, irrépressible ! Et parce que Jésus est l’envoyé de Dieu, il choisit d’aller chez celui qui justement ne reçoit personne parce qu’il est pécheur ! Et surprise, celui qui voulait voir sans être vu, s’entend appeler par son nom : « Zachée ! Descends ! Hâte-toi ! ».

Zachée cherchait à voir qui était Jésus et c’est Jésus qui l’aperçoit, le remarque, lui parle et lui demande l’hospitalité. 

Et Zachée descend aussi vite qu’il est monté à l’arbre. Pas de calcul, pas de réflexion, non, juste cette obéissance joyeuse de celui qui est appelé par son nom !

C’est en lui demandant de descendre que Jésus rencontre Zachée

L’appel par son nom a frappé Zachée au cœur ! Il n’écoute plus que ce cœur et cet homme qui vient de l’appeler ! Lui, l’inconnu de l’arbre, celui qui ne voulait pas être vu, le voilà appelé par son nom, découvert, dévoilé, reconnu !  

Tout d’un coup, la vie de Zachée bascule ! Jésus s’arrête chez lui !

Jésus répond au désir de Zachée, bien plus qu’il ne l’espérait lui-même ! Jésus semble lui dire : « Tu voulais voir qui je suis ? Eh bien, je suis là, viens et vois, allons chez toi ! ».

Ainsi, Jésus s’adresse au hors la loi, au frauduleux, au mal-aimé, au rejeté, celui dont la réputation est ruinée. Derrière toute cette confusion de Zachée, Jésus entend le désir de l’homme, son manque d’amour, sa solitude, sa difficulté à être, sa relation rompue avec les autres. « Allons, redescends sur terre, parmi les hommes, je viens chez toi ».

Ainsi, de spectateur qu’il voulait être, Zachée devient acteur. Avec joie, avec hâte, il obéit à la parole de celui qui l’appelle. Lui qui a fui la foule en grimpant à l’arbre, va se retrouver au milieu de la foule. Car c’est bien là que tout se passe, parmi les hommes.

Dans la parole de Jésus, il y a de l’urgence à réagir : « Vite, il me faut, aujourd’hui demeurer dans ta maison… ». Car c’est bien ici et maintenant que Jésus est là.

Et tout d’un coup, par l’effet de cette parole, Zachée n’est plus un isolé, un rejeté, mais un homme appelé, nommé. Il devient même l’hôte de Jésus. Lui, le pécheur, est trouvé digne de le recevoir. Jésus a besoin de lui. Deux choses ont réconcilié Zachée avec lui-même : l’appel de son nom, l’appel par son nom et l’invitation de Jésus à entrer chez lui ! Son désir a été perçu, son désir qui est né dans le manque d’amour, dans le manque de relation avec les autres. Et Jésus répond à ce désir bien au-delà de ce que Zachée espérait ! De tout en bas, le regard de Jésus l’a découvert, nommé, réconcilié au-delà des apparences, et — curieusement — malgré la hauteur que Zachée avait prise ! Derrière l’homme, petit, pécheur, chef des collecteurs d’impôts, aimant l’argent d’abord, Jésus voit une personne. En effet, Jésus ne dit rien sur son statut de péager, ni sur ses fraudes, ni sur ses vols à répétition. Pas de condamnation de la part de Jésus, celle des hommes suffit !

Jésus ouvre un avenir. Il s’invite, et Zachée ne s’attendait pas à ce que Jésus ait besoin de lui. Et pourtant, il lui a dit : « Il faut que je demeure chez toi ! ». Lui qui voulait seulement voir qui est Jésus, maintenant qu’il est là et qu’il lui parle, il l’appelle : « Seigneur ! ». C’est lui, cette fois, qui nomme Jésus et qui confesse ainsi qu’il a trouvé qui est Jésus. Et, tout entier à sa découverte, Zachée n’entend pas les murmures de la foule, cette foule qui, cette fois, murmure contre Jésus ! Après avoir empêché Zachée de voir, la foule dit sa réprobation de voir Jésus, le juste, chez un tel pécheur ! Elle n’est pas prête à accepter, cette foule, ce qui se passe devant ses yeux ! Comment Jésus peut-il se mettre hors-la-loi en entrant ainsi chez un hors-la-loi ?

Pourtant, c’est bien là, au cœur même de la contradiction de la vie de Zachée, que Jésus le rencontre. C’est dans les incohérences, dans les souffrances que l’on ne peut plus supporter tout seul, que Dieu vient.

En réalité, dans la foule qui murmure, il y a des victimes, celles que Zachée a volées, il y a aussi des pauvres, ceux à qui Zachée le riche n’a rien donné. Jésus n’entre pas seul chez Zachée et c’est là la surprise. Car il fait entrer avec lui tous ceux auxquels Zachée a fait du tort en ne partageant pas ses biens ou en les volant. Ainsi, par la seule présence de Jésus chez lui, Zachée se retrouve au carrefour où se tient le Christ, entre Dieu et les hommes, avec Dieu et parmi les hommes. En accueillant Jésus, Zachée accueille tous les hommes qui sont là, tous ceux qu’il ne voyait pas, tous ceux qu’il ne voyait plus ! Jésus l’a regardé à sa manière, c’est-à-dire autrement, et Zachée se regarde aussi différemment et, du même coup, il porte un regard différent sur les autres. Il regarde désormais comme Jésus regarde. Ceux qui étaient en dehors de sa vie, ceux qu’il voyait de loin, sont là tout d’un coup au cœur de sa vie.

Les circonstances de nos vies nous ont parfois aveuglés, y compris sur nous-mêmes. Comment construire l’avenir lorsque l’on a l’impression d’être muré dans des barrières intérieures ?
Comment vivre ces sortes de parenthèses de l’existence ?
Faut-il se désespérer, et plus encore désespérer des autres ?
La peine serait-elle une condamnation définitive, ou plutôt une étape où peut se découvrir l’espérance ?

Frères et sœurs, la révolution de Zachée peut être la nôtre.

Des actes nouveaux s’accomplissent dans la joie de la présence de Dieu qui veut demeurer chez chacun.
Alors changeons notre regard ! Change ton regard ! Aucun de nous n’est exclu de son appel.
Mon frère, ma sœur, « toi aussi, tu es un descendant d’Abraham ». « Le Salut est venu pour ta maison ». Tu n’es pas tout seul à te débattre, tu es inscris dans la grande famille des enfants de Dieu, tu es reconnu par ton nom, tu es, toi aussi, au bénéfice d’une promesse. Etre au bénéfice d’une promesse, cela veut dire en être l’héritier. Héritier de la promesse que Dieu a faite à Abraham (une descendance, aussi nombreuse que les étoiles du ciel ; une terre, un pays être une source de bénédiction) Genèse 15, 1 à 7. Or, le propre d’un héritier, c’est qu’il gagne quelque chose qu’il ne méritait pas. Ce qu’il gagne, c’est d’être dans le peuple de Dieu, d’être un enfant de Dieu, d’être dans la joie, pour la vie, pour l’éternité.

 Zachée cherchait à voir qui était Jésus et c’est Jésus qui le remarque.

C’est en lui demandant de descendre que Jésus rencontre Zachée.

Il va réaliser et expérimenter que son salut ne se joue pas dans l’étiquette que la foule lui colle sur le front ou celle qu’il souhaite s’adjuger, par son comportement est ses propres forces. Zachée va se trouver excentré. C’est pour un autre, au nom d’un autre qu’il va agir. Fort de son appel, de cette rencontre et de cette parole d’adoption prononcée par le Christ : « aujourd’hui, le salut est venu pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham », Zachée va donc véritablement, y voir clair et exister, apaisé, heureux et libre.

 

Quelques mots pour conclure :

Mon frère, ma sœur, L’itinéraire de Zachée, cela peut être aussi le tien : Tu es dégagé, libéré de vouloir être bon à tes yeux et aux yeux des autres. Non, les autres ne sont pas le moyen de ton propre salut. Toi aussi, tu es un descendant d’Abraham. Le centre, le cœur de ta vie est dans cette promesse qui aujourd’hui, devient réalité, te bouscule, te change et de donne de marcher dans la vie.

Dieu marche avec toi, la Parole du Christ éclaire ta route

Amen.

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