Dimanche 5 août 2012 par Simone Bernard
Dimanche dernier, nous avons lu le récit de la multiplication des pains. A partir de quelques provisions – 5 pains d’orge et deux petits poissons – Jésus a nourri une foule immense. Ils étaient 5000, plus les femmes et les enfants, précise l’évangéliste. Et il y eut des restes. La foule veut retrouver Jésus. Mais, après le miracle des pains, celui-ci s’est retiré, seul, dans la montagne. Cela lui arrive ; est-ce pour prier ? Pour établir un lien avec son Père, se « ressourcer » en quelque sorte. Lors de la Transfiguration, il s’était ainsi isolé.
Les disciples, eux, ont pris une barque pour traverser le lac, se dirigeant vers Capharnaüm. L’évangéliste Jean situe à ce moment-là l’épisode de Jésus marchant sur les eaux. Mais il ne s’attarde pas sur ce nouveau miracle, contrairement à Matthieu et Marc qui le narrent plus longuement. Jésus est à nouveau entouré d’un auditoire avide de signes et d’enseignement. Il n’entre pas totalement dans son jeu. Il comprend que la foule est d’abord touchée par le miracle « matériel », cette nourriture suscitée de presque rien et qui suffit à apaiser la faim de la multitude. Le Seigneur veut aller au-delà ; il veut donner conscience à chacun que son œuvre n’est pas uniquement d’apporter de la nourriture matérielle à ceux qui l’ont suivi. Il a un message à délivrer ; il est venu pour leur parler de son Père et de la raison de sa présence parmi les hommes.
Ses interlocuteurs le comprennent, quoi posent la question : « Que faut-il faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? » Je suppose que se trouvent là, près de Jésus, des hommes déjà engagés dans la réflexion et qui l’écoutent avec intérêt. Ils connaissent les récits de l’Ancien Testament. Ils savent comment leurs ancêtres ont été nourris pendant leur longue errance dans le désert : ils ont reçu les cailles et la manne, grâce à Moïse, pensent-ils. Mais Jésus les détrompe : ce n’est pas Moïse qui a suscité la nourriture, c’est l’Eternel. Il s’agit encore de la nourriture terrestre, matérielle. Et Jésus passe à la notion principale : le pain du ciel. Car la manne était plus qu’une nourriture terrestre permettant aux Hébreux de continuer à vivre, en dépit des fatigues et des dangers de la longue marche. Elle était la base de vie ; véritable pain du ciel. Les interlocuteurs de Jésus ont compris : il s’agit bien du pain donné par Dieu, la nourriture essentielle à leur survie, maintenant comme autrefois. Alors ils disent : « Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là ». Ont-ils vraiment compris qui était Jésus ? Ils voient bien qu’un lien très fort existe entre Dieu et ce rabbi qui accomplit des miracles. Mais sans doute n’ont-ils pas tut compris puisque Jésus doit ajouter : « C’est moi qui suis le pain de vie, celui qui vient à moi n’aura pas faim ; celui qui croit en moi jamais n’aura soif. » Le Maître vient de dévoiler sa véritable identité : il est bien l’envoyé de l’Eternel, le Messie qu’annonçaient les prophètes.
Jésus prolonge son enseignement, mais le premier élan passé, ses auditeurs retombent dans de vaines discussions. « Quelle est ton œuvre » demandent-ils. Les divers miracles, les guérisons, l’enseignement de Jésus ne représentent donc rien à leurs yeux ? Des clans se forment. Certains disciples se retirent ; seuls restent les Douze, confiants dans leur Maître. Nous savons ce qu’il adviendra par la suite. Des factions s’établiront ; les autorités religieuses auront le dernier mot. Le prophète attendu, entrera porté en triomphe au jour des Rameaux, sera en définitive rejeté, accusé, mis à mort. Même ses disciples les plus proches l’abandonneront. Pensons au reniement de Pierre. Nous sommes tentés de dire : « Comment les interlocuteurs de Jésus ont-ils pu le rejeter après les révélations qu’il leur a faites ? Il vient de leur affirmer qu’il est l’envoyé de Dieu, que par lui le salut leur est offert. Et tout cela pour rien ? Parfois, relisant les Evangiles, ne sommes-nous pas tentés de nous glisser parmi les auditeurs de Jésus, prêts à crier notre foi, notre admiration ? Ah ! Si nous avions été là, nous aurions empêché son arrestation, nous l’aurions fait relâcher. Il n’y aurait pas eu de Croix….. Quel stupide orgueil, qui se veut plus fort que les prophéties d’autrefois.
Reprenons le texte de Jean en fixant notre attention sur le mot « œuvre ». Jésus dit à son auditoire : « Il faut vous mettre à l’œuvre pour obtenir la vie éternelle ». Ses interlocuteurs répondent : « Que nous faut-il faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? » Réponse de Jésus : « L’œuvre de Dieu, c’est de croire en celui qu’il a envoyé ». « Quelle est ton œuvre ? » demandent-ils. Les répliques s’entrechoquent ; le mot « œuvre » a-t-il le même sens selon qu’il est prononcé par le Maître ou par ses auditeurs ? L’essentiel me semble-t-il, est contenu dans la parole de Jésus : « L’œuvre de Dieu c’est de croire en celui qu’il a envoyé ». Vingt siècles se sont écoulés depuis la venue de Jésus et au travers des âges, son enseignement a été étudié, « décortiqué », « mâché » comme le dit le pasteur Dumas.
Où en sommes-nous aujourd’hui ? Nourris de la Parole, savons-nous toujours la mettre en pratique et la faire connaître ? Ecoutons l’apôtre Paul invitant les Ephésiens « à revêtir l’homme nouveau, créé selon Dieu dans la justice et la sainteté qui viennent de la vérité ». Dans un moment nous partagerons le pain et le vin de la Cène. Il s’agit bien du pain de vie donné pour nous sur la Croix, qui nous est offert avec toujours le même amour. Il s’agit bien du sang du Christ, versé pour la rémission des péchés. Sachons les recevoir avec reconnaissance, dans un esprit de partage et d’amour fraternel.
Amen
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