Dimanche 29 Juillet 2012, par Simone Bernard
L’an dernier, à pareille époque – c’était le dimanche 31 juillet 2011 – le même épisode était proposé à notre méditation. Le même, ou presque. Car ce récit de la multiplication des pains se retrouve à plusieurs reprises dans le Nouveau Testament : deux fois dans l’évangile de Matthieu (Matthieu 14 et Matthieu 15), deux fois également dans l’évangile de Marc (Marc 6 et Marc 8). Luc ne mentionne qu’une fois ce miracle (Luc 9), de même que Jean (6). C’est ce dernier récit qui nous occupe ce matin.
L’an passé, je m’étais arrêtée sur le propos de Jésus à ses disciples : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ». Ce matin j’aimerais axer nos réflexions sur un personnage qui est nommément désigné dans le seul évangile de Jean : « Il y a là un garçon qui possède cinq pains d’orge et deux petits poissons ». Certes les autres évangélistes mentionnent la présence des pains et des poissons qui servirent de base pour nourrir la multitude. Mais nous ne savons pas comment ces précieuses denrées arrivent entre les mains du Seigneur.
Jean est plus précis et nous parle d’un jeune garçon. Qui est-il ce jeune homme ? On peut supposer qu’il s’agit d’un adolescent qui rapporte des provisions pour nourrir sa famille. On peut imaginer qu’il est le fils ainé d’une mère veuve élevant avec grande difficulté des enfants jeunes. C’est tout à fait vraisemblable puisqu’en ce temps-là et en ces lieux, les hommes épousaient de très jeunes femmes et à la mort du chef de famille, celles-ci se retrouvaient seules pour élever leurs enfants. Le fils ainé auquel nous nous intéressons essaye de remplacer son père. Ce matin, très tôt, il est allé pêcher. Il n’a pas pris seulement les deux petits poissons qu’il a dans son sac. Sans doute a-t-il pris d’autres poissons qu’il a vendus afin d’acheter les pains d’orge. Le repas familial est assuré.
Comment notre jeune garçon se retrouve-t-il au milieu d’une foule immense dans l’entourage de Jésus ? Connait-il déjà ce « rabbi » qui accomplit des guérisons multiples, qui galvanise les foules par ses paroles d’espérance et d’amour ; au bien se trouve-t-il là par hasard ? Il entend le Maître ordonner à ses disciples de nourrir eux-mêmes la multitude réunie en ce lieu ? Quelle pensée agite le jeune garçon ? Lui est en possession de quelques victuailles : 5 pains et 2 poissons.Mais que représentent-ils devant la foule immense ? C’est disproportionné, dérisoire même. Le jeune homme hésite : ces provisions sont attendues par sa mère pour nourrir la famille. Quelle déception lorsque son fils rentrera les mains vides…. A-t-il longuement hésité, le jeune garçon ? Ou bien, mû par un élan irrépressible, a-t-il ouvert son sac et tendu aux disciples les pains et les poissons ? Il ne se pose plus de question : il agit en toute simplicité, j’allais dire en toute ingénuité.
Et voilà, ce peu qui était « tout » pour lui va nourrir une foule immense. IL est témoin et même participant du miracle : la foule est nourrie et il y a même des restes. On peut penser que notre jeune ami va pouvoir emporter de quoi nourrir sa famille. Pourtant lui, dans son élan, n’a pas fait un tel calcul : il a tout donné à Jésus. Nous avons beaucoup à apprendre de ce garçon. Sachons donner spontanément, généreusement, même si notre offrande nous parait légère.
Ceci me rappelle une dame qui me disait – c’était dans ma paroisse de jeunesse -« Je ne peux pas donner une cotisation importante, car je n’ai qu’une petite retraite, alors je préfère ne rien donner. Quelle erreur ! Rappelez-vous ce récit des évangiles : l’offrande de la veuve (Marc 12 ; Luc 21). Jésus voyant une veuve pauvre mettre quelques piécettes dans le tronc destiné à recueillir les offrandes fait remarquer que ce don est plus précieux que les sommes importantes déposées par ailleurs, car elle a donné de son nécessaire.
De même, le jeune garçon a su se dépouiller de tout ce qu’il avait pour l’offrir à Jésus, et il a contribué à un miracle. Si petite que soit notre offrande – ou notre action – le Seigneur saura la transformer, l’amplifier pour le bien de tous. Devant la foule assemblée, Jésus a dit à ses disciples : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ». Le jeune garçon a répondu au Maître dans un grand élan d’amour et de générosité, agissant en « disciple ».
Qu’en est-il devenu ensuite ? Il est rentré chez lui, les bras chargés de nourriture : l’un des douze paniers de restes, peut-être ; cela est important pour la famille. Mais surtout il a le cœur rempli d’images, de paroles : il a assisté et a participé à un miracle de Jésus. L’évangéliste ne dit rien de plus sur le garçon, mais il n’a pu sortir indemne d’une telle aventure. Par la suite, il aura peut-être envie de le suivre. Nous ne le saurons pas. Contentons-nous de saisir la leçon qu’il nous dispense : donner généreusement au Maître, donner tout. Prions pour que les jeunes filles et les garçons de nos églises entendent eux aussi l’appel du Seigneur et mettent à son service les dons qu’ils ont reçus.
Et je ne saurais terminer cette méditation sans revenir au texte que nous avons lu tout à l’heure dans le livre des Rois ; il s’agit également d’une multiplication des pains. La quantité disponible parait, là aussi ; dérisoire vis-à-vis des besoins. Et cependant « les gens mangèrent et il y eut des restes » selon la parole du Seigneur. Dans la confiance et dans l’obéissance, sachons donner : de notre argent, de notre temps, de notre amitié ; et avant tout partageons ce qui est le plus précieux : la Parole de Dieu.
Amen
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