Prédication 17/11/19. Textes bibliques : Job 2, 11-13, Jean 15, 9-17
« Amitié, Liberté, Par vous l’avenir sera plus beau »
« Amitié, Amitié, Liberté, Liberté, par vous l’avenir sera plus beau. Le visage inondé de lumière, tourné vers des lendemains heureux ; nous bâtirons une cité fière, en chantant ce refrain joyeux… »
Si il y en a qui ont fait du scoutisme unioniste dans leur jeunesse, vous connaissez surement ce chant « Amitié, Liberté » qui est en quelques sortes l’hymne des éclaireurs unionistes, comme le chant « A toi la gloire ! » Bien que le chant : « Amitié, Liberté » ne parle pas explicitement ni de Dieu, ni de Jésus-Christ, il fait référence à des valeurs chrétiennes qui sont dans la Bible : l’amitié, la liberté, l’avenir, le fait de construire, l’entraide, la fraternité au-delà des frontières. Et il me semble que ce chant fait particulièrement écho à l’actualité notamment le week-end dernier où il y a la commémoration des trente ans de la chute du Mur de Berlin. Mais tout d’abord, revenons aux deux textes que nous venons de lire par texte parle d’une valeur importante : l’amitié. Trois amis de Job, qui viennent lui rendre visite et qui restent sept jours chez lui. Des amis qui sont nommés et dont leur provenance géographique est mentionnée, c’est dire leur importance tout au long du livre. Des amis qui ont compassions de Job des multiples malheurs qui lui arrivent. Des amis qui ne seront pas forcément de bon conseil, mais qui ont de la compassion et qui sont là. Et dans ce passage de l’Evangile selon Jean, nous avons des disciples qui ont été choisis par Jésus. Être choisi, quel privilège ! Le choix, n’est pas d’abord quelque chose que l’on aime ? dans notre société, actuelle, ne voulons-nous pas, parfois à un prix fort, vouloir avoir le choix, pouvoir choisir ne pas avoir de contrainte. Et si cette contrainte arrive, ne l’exécutons-nous pas souvent par fatalité, en se disant » de toute façon, nous n’avons pas le choix… » ? « Ne pas avoir le choix » vient souvent du choix d’agir, du choix matériel. Mais au-delà du choix matériel, il y a aussi des choix de personnes, comme dans ces paroles de Jésus dans ce texte, que je vous invite à ré-écouter : « Je vous ai appelés amis. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais moi, je vous ai choisis et je vous ai établis afin que vous alliez et que vous portiez du fruit (…)»
Ces paroles sont des paroles de vie : elles confirment, avec force, que Dieu nous a choisis ! Nous savons que Jésus a dit ses paroles à ses disciples avant de mourir. Mais à sa résurrection, elles prennent un autre sens. En disant « Je vous ai choisis et établis » Jésus s’adresse à ses disciples. Mais en lisant ces Paroles, elles parlent à nous aujourd’hui. En disant « Je vous ai choisis et établis » C’est Dieu qui nous adopte. C’est bien lui qui s’approche de l’être humain. C’est lui qui se révèle à l’Homme comme son Père en Jésus-Christ. C’est bien lui qui nous choisi. Dieu qui se révèle à nous, n’a-t ’il pas choisi de le faire ? Nous pouvons tous choisir de nous rapprocher de Dieu en choisissant de le faire, comme cela se fait souvent. Mais dans ces choix ce qui compte plus que tout, c’est d’entendre la Parole et d’en conserver la mémoire. Les paroles de Jésus que nous entendons font écho en nous ; ce sont des paroles de vie et d’espérance, des paroles de libération qui portent une vie. Souvent, parce que nous croyons trop connaître la Bible, nous faisons moins écho de ces paroles et de son importance dans nos vies. Jésus a prononcé, nous l’avons vu ces paroles avant de quitter ses disciples. « Je vous ai choisis » et « Je vous ai appelé amis ». Ces paroles ont été pour les disciples des paroles considérables, surement le socle de nouveaux départs lorsqu’il faut surmonter les épreuves de la vie devant Dieu avec la confiance d’un enfant qui se sait aimé et porté par Dieu. Mais à ces paroles, Jésus en en adjoint une autre, très importante dans l’évangile de Jean : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ! » Ce commandement fait partie des paroles de la Bible les plus connues. « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés, dit Jésus… et il poursuit… « Il n’y a pour personne de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. »
En définissant ce plus grand amour, donner sa vie pour ses amis, on peut penser à ce que Jésus a fait pour ceux ou celles qu’il a rencontré tout au long de son ministère. On pense aussi aux miracles de Jésus, à ses guérisons, à l’amitié partagée avec les exclus, à la disponibilité toujours accordée à ceux qu’il rencontre… Ne nous invite-il pas à le suivre, dans cette amitié, cette liberté, pour reprendre ce chant ?
Mais lorsque Jésus parle de donner sa vie pour ses amis, il annonce l’événement de la croix et de la résurrection. Le paradoxe, c’est donc que donner sa vie pour ses amis, ici, c’est se laisser dessaisir de sa vie sur la croix ! L’amour de Dieu pour l’Homme ici, se révèle dans un acte incompréhensible, un acte de renoncement et d’impuissance qui prend à contre-pied les disciples. Mourir sur la croix ! C’est peut-être le dogme de base des chrétiens, mais c’est aussi un acte qui prend aussi à contre-pied le regard que la grande majorité des Hommes peut avoir de Dieu. Comment accepter que la puissance de Dieu soit bafouée sur la croix ? Ils sont nombreux ceux qui contestent l’existence de ce Dieu-là : un Dieu immortel, capable de tout faire, sur-puissant, qui sais tout, qui voit tout… Il y a du vrai dans tout cela. Mais le Dieu de la Bible n’est pas ce Dieu que nous façonnons à notre image. Il est le Dieu de la croix. Il est le Dieu qui ayant fait chemin avec les hommes, se dessaisit de sa vie sur la croix ; Jésus est homme jusqu’au bout, y compris dans la mort. Il est présent auprès des plus faibles. Il dit des paroles simples, qui réconfortent et qui envoient. « Vous êtes mes amis » « Je vous ai choisis » « Aimez-vous, comme je vous ai aimés… » Lorsqu’il dit cela, Jésus n’attend pas de ses disciples qu’ils deviennent des purs, des saints, toujours regardés comme des exemples. Il leur demande simplement de s’aimer les uns les autres en acceptant d’assumer leurs limites, leurs manques, leurs doutes, leur faiblesse. Accepter de renoncer à la toute-puissance, à la réussite absolue, aux succès les plus grands. Aimer son prochain comme le Christ nous a aimé c’est donc une invitation à aimer notre prochain avec un regard lucide sur nos limites et notre finitude, afin que nous soyons des disciples du Christ sereins et apaisés. Nous ne pouvons pas tout ; et nous connaissons mieux que qui quiconque nos propres limites dans l’exercice de l’amour du prochain. Et cet amour du prochain c’est bâtir ce monde meilleur, dans l’optimise, l’espérance, la fraternité. Cet amour du prochain c’est bâtir des ponts là ou d’autres bâtissent des murs.
J’ai évoqué les trente ans de la chute du mur de Berlin, et je voudrais rappeler le discours émouvant du PDG de Danone, Emmanuel Faber, en juin 2016, devant les étudiants diplômés de l’HEC. Emmanuel Faber prônait la justice sociale. Il disait : « Nous les privilégiés, nous pouvons monter des murs de plus en plus hauts. Comme l’Arabie Saoudite le fait en ce moment. Comme les Etats-Unis l’on fait avec le Mexique. Comme nous sommes en train de le faire autour de l’Europe. Mais rien n’arrêtera ceux qui ont envie de partager avec nous » Non, ces murs n’arrêteront pas la construction d’un monde meilleur. Et nous pouvons le faire, car Dieu nous a choisi ! « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais moi, je vous ai choisis et je vous ai établis (…) » Ces paroles nous rappellent que Dieu se tient avec chacun de nous jusque dans derrière les murs que nous avons parfois établis nous-même.
Ces paroles sont des paroles de vie, des paroles de bénédiction, de promesse et d’envoi : des paroles d’amour qui portent toute la vie, des paroles qui encouragent, qui relèvent. Alors, comme les amis de Job qui ont eu compassion de lui, et comme les disciples de Jésus, cultivons cette amitié, cette liberté, pour que par nous l’avenir soit plus beau. Ainsi nous pourrons regarder l’avenir d’un air serein et apaisé.
Amen.
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