Chronique Eglise universelle mars 2019.
Notre relation avec les Eglises en Afrique
Le mois dernier, j’ai exprimé ce que représentait, pour moi, notre ouverture à l’Eglise universelle dont il m’est demandé de vous proposer une chronique mensuelle. Permettez-moi de rester encore un peu dans les généralités en exprimant ici ce que représente, pour moi, notre relation aux Eglises d’Afrique que je connais un peu mieux que bien d’autres dans le monde.
Nos arrière-arrière grands parents – cela date de 1820 environ – ont eu une passion pour l’Afrique. Très évangélique ! Cela a commencé par des cercles de prières pour soutenir la Mission de Londres qui envoyait des missionnaires en Afrique pour y annoncer l’Evangile. Dès 1829, trois jeunes français allaient les rejoindre, début d’une longue lignée de missionnaires français ; d’abord en Afrique du Sud, en Afrique du nord, en Afrique de l’ouest.
Que s’est-il passé depuis ?
L’histoire de la mission (ou « des missions ») peut se résumer en quatre phases[1] :
- une première, commencée pour nous en 1829, consista à envoyer de jeunes hommes pour évangéliser l’Afrique. C’est la période des pionniers, des négociations avec les chefs tribaux pour être acceptés. C’est le temps de l’invention d’un modèle missionnaire où l’instruction, le choix d’un mode de vie, accompagnent la découverte de l’Evangile. Beaucoup de missionnaires sont morts sur place ou sont rentrés malades ; d’où l’urgence de former des collaborateurs dans l’œuvre missionnaire.
- Vers la fin du XIXème on assiste à une transformation. Les missions s’installent ! Elles sont aidées par la quinine désormais disponible pour lutter contre les ravages du paludisme. Elles sont portées par une perspective coloniale et civilisatrice. La carte d’Afrique prend les couleurs de la France, de l’Allemagne, de l’Angleterre et du Portugal. A la suite de la première guerre mondiale, les français remplaceront les allemands au Cameroun ou au Togo, la Mission de Paris de même.
- S’ouvre cependant une troisième phase qui sera conclue dans les années 60 par la création d’Eglises indépendantes, souvent avant même les indépendances des Etats. Les missions sont alors en soutien à ces Eglises pour la formation théologique, l’enseignement, la santé, l’agriculture.
- Et nous sommes depuis dans une quatrième phase….
La mission « aujourd’hui »
Dix ans après les indépendances, précisément en 1971, poussées par le mouvement oecuménique, des Eglises du Sud et du Nord, d’Afrique, du Pacifique, de Suisse, d’Italie et de France (dont la nôtre) comprennent que la mission n’a de sens que si elle est l’affaire de tous les chrétiens, de « partout vers partout ». Ces Eglises créent une communauté d’Eglises en Mission, qu’elles appellent CEVAA. Dans un monde toujours plus interconnecté, son projet est de nous permettre de « partager, agir et témoigner ensemble ».
Il nous faudra en reparler de multiples manières. Permettez seulement que je termine cette chronique du mois avec une question :
- Saviez vous que, membre de l’Eglise protestante unie du Saint-Esprit, vous étiez simultanément membre de la CEVAA, c’est à dire d’une communauté internationale de 35 Eglises qui, depuis bientôt 50 ans, ont fait ce projet d’être dans notre monde un symbole de partage, d’action commune et de témoignage évangélique. Si oui, qu’est-ce que cela veut dire pour vous ? Si non que fait le Conseil presbytéral [2]?
Jean-Arnold de Clermont
Mars 2019.
[1] Les lignes qui suivent sont tellement rapides qu’elles frôlent la ‘caricature’. Pour être correctement informé, il faudrait lire l’ouvrage de Jean François Zorn « Le grand siècle d’une mission protestante » et celui de David J. Bosch « Dynamique de la mission chrétienne », chacun de 500 à 700 pages chez Karthala.
[2] Ou l’EPUdF ? ou le Défap ? …. pour cela comme pour ce qui est de bien d’autres communautés d’Eglises aux quelles nous appartenons, en France par la Fédération protestante de France, en Europe par la Conférence des Eglises Européennes, dans le monde par le Conseil Œcuménique des Eglises ?
Je me propose de vous présenter un mois ou l’autre l’organigramme de nos appartenances.