Chronique Eglise Universelle Avril 2019 : LA MISSION

Je rappelais le mois dernier la création en 1971 d’une Communauté d’Eglises en Mission (la CEVAA) à laquelle appartient notre Eglise protestante unie de France.

Simultanément l’ancienne Société des missions évangéliques de Paris est devenue le Défap, service protestant de mission. Il est l’organisme qui doit porter et animer notre effort missionnaire.

Et vous aurez peut-être lu ou entendu qu’il est en pleine « refondation ». Je viens d’apprendre qu’elle fera l’objet d’un Synode national en 2021/2022. C’est d’autant plus souhaitable que le Défap qui est un organisme au service de nos Eglises ne peut se « refonder lui-même » ou du moins le faire sans avoir au préalable recueilli les orientations décidées par les Eglises qui le composent, et au travers de leurs processus de décision. Pour l’EPUdF, le processus synodal.

 

Mais pourquoi cette refondation ?

Allons droit au but : qui sait encore en quoi consiste la mission ?

Evangéliser des contrées n’ayant jamais entendu parler du Christ ? C’est devenu, fort heureusement la responsabilité des églises qui sont les fruits de l’œuvre missionnaire des siècles passés.

Et quand bien même ce serait le cas, la parabole de la paille et de la poutre ne s’adresserait-elle pas en priorité à nous-mêmes ? Qu’avons nous à dire sur notre propre engagement dans l’évangélisation ?

Participer au développement de pays plus ou moins émergeants ? En avons-nous encore les moyens et surtout avons-nous une expérience  qui nous permette d’être efficaces ?

 

La Cevaa, cette communauté dont nous sommes membres, se présente avec trois objectifs : partager, agir, témoigner. Elle affirme donc que notre priorité est d’échanger nos expériences. Comment parlons nous du Christ dans un monde où chacun veut être à lui-même sa propre référence ? Comment parlons nous d’une communauté ecclésiale dans une société explosée ? Comment parlons-nous d’un avenir avec Dieu dans un monde sans Dieu ?  Que l’on soit à Yaoundé ou à Saint-Denis, à Montargis ou à Papeete… nous cherchons à répondre à ces interrogations constitutives de notre mission de chrétiens. Si la mission est au cœur de notre vie d’Eglise, alors nous avons grand besoin de la vivre dans le partage d’expériences avec nos Eglises sœurs, proches ou lointaines. Pas seulement en réfléchissant ou en priant ensemble, mais en montant des possibilités d’actions communes, d’expérimentations communes de témoignage.

 

Encore faut-il que ce partage ne soit pas ‘autocentré’. Les Eglises ont pour vocation de témoigner très concrètement de l’irruption du règne de Dieu dans notre monde, d’en donner des signes, sans pour autant avoir la prétention de sauver le monde… Quels signes donner dans un monde globalisé mais où chacun cherche à protéger ses frontières, dans un monde qui dilapide son avenir mais où chacun veut conserver ses acquis, dans un monde violent mais où les forts veulent continuer de dominer les faibles… La Cevaa veut être une communauté de partage signifiant qu’un autre monde est possible. Les Eglises qui la constituent ne sont pas différentes par nature des autres Eglises avec lesquelles l’EPUdF entretient des relations ; mais elles ont pour nous un ‘privilège historique’, celui d’avoir plus d’un siècle et demi d’histoire partagée avec nous.

 

Si les Eglises qui ont constitué le Défap, comme leur instrument missionnaire, savent dire quelle est leur mission, comment elle se dit en termes contemporains, et quelles priorités elles se donnent, si elles consentent à travailler ensemble, la ‘refondation’ du Défap se fera tout naturellement. Il n’aura plus qu’à adapter ses moyens à ceux des Eglises en les tirant toujours en avant.