Bref compte-rendu de la 8ème Convention du Forum Protestant

Le Forum protestant a été créé en 2013 pour faciliter l’expression et l’échange des idées, opinions et expériences sur les sujets de société dans un cadre protestant, tisser progressivement un langage commun et mieux faire entendre les voix des protestants sur ces questions dans la société française. Il organise chaque année une convention consacrée à une thématique de société ? Cette année le sujet était « face à la crise écologique ». Frédéric Rognon, professeur de philosophie des religions à Strasbourg, animait la convention qui se déroulait en ligne. Une publication est prévue.

« Faces cachées de l’écologie »

Dans une première partie théologique, intitulée « faces cachées de l’écologie » les organisateurs ont souhaité présenter des « questions fondamentales généralement peu abordées dans les discours sur l’écologie ».

Otto Schaeffer, théologien et biologiste, a donné un avant-goût de la thèse qu’il soutiendra en début d’année prochaine sur le thème de la « grâce du végétal » et rappelant les deux sens du mot « grâce », beauté et charge vitale, il a esquissé à grands traits les éléments d’une théologie fondée sur les exemples de valeurs que peut donner le monde végétal, et sur le lien privilégie qui unit le monde végétal et le Créateur  (sa future thèse universitaire). Ceci doit inciter l’être humain à une conversion à l’humilité, car son développement, sa croissance, sont décalqués de celui des plantes.

Rodolphe Blanchard-Kowal, pasteur de l’EPUdF en Ecosse, présentant ses travaux de recherche sur la théologie animale a évoqué la pensée de quelques précurseurs de cette théologie, depuis Basile de Césarée au IVe av. J.-C., Th.Tryon au XVIIème, J.Wesley au XVIII, et véritablement lancée vers 1975 surtout au Royaume Uni. Il s’agit de faire reconnaitre que le Christianisme et le souci des animaux sont fortement liés (en tre autres véganisme) et que le salut est donné pour tous les êtres vivants, les animaux ayant autant besoin d’être sauvés que l’espèce humaine.

Joan Charras-Sancho, théologienne et journaliste, parlant de l’éco-féminisme, a expliqué qu’il s’agit de chercher la juste place de la femme dans la création, de créer une société au féminin fondée sur le non-pouvoir ; elle a évoqué sa propre expérience d’allaitement l’ayant obligée à manger de la viande pour augmenter la quantité et la qualité de son lait par des apports en protéine, et ses expériences de « tentes rouges » lieu de parole libre pour les femmes, loin de l’oppression quotidienne, sur le modèle des tentes menstruelles, pratiqué dans certains pays africains.

Stéphane Lavignotte, pasteur et théologien, intervenant sur « l’écologie mentale » a retracé l’histoire de cette écologie qui tend à définir quels changements mentaux sont nécessaires pour mieux habiter ensemble (écosophie). Cette écologie récente se veut globale, comprenant l’écologie environnementale (rapports à la nature et à l’environnement), l’écologie sociale (rapports aux réalités sociales et économiques) et l’écologie « mentale ». Surtout due au philosophe Félix Guattari, elle a cependant des racines dans l’œuvre des américains Thoreau et Emerson au début du 19ème, ainsi que, plus récemment, dans les idées entre autres de l’Américain Lynn White, et des Français, J.Ellul, et A.Dumas.

« Faire face à la crise »

La seconde série d’interventions, sous le titre « faire face à la crise »,  a porté sur des expériences pratiques. 

Gabriel Monnet, professeur de théologie pratique à la Faculté adventiste de théologie de Collonges-sous-Salève intervenant sur « Création et santé dans la théologie adventiste » a raconté sa façon adventiste de vivre la Bible et l’écologie au quotidien, en famille, respectant la santé des corps et des coeurs, la création, l’amour et la vie spirituelle. 

Jean-Sébastien Ingrand, pasteur et chargé de mission pour la justice climatique pour l’UEPAL, a expliqué dans une intervention sur « l’anthropologie en question » que sa mission consiste à « promouvoir une écologie prenant en compte la dimension spirituelle qui fait l’essence de la foi chrétienne ». En tant que chrétiens, nous sommes appelés à une prise de conscience, suivre un chemin de conversion et promouvoir une approche spirituelle de l’écologie et un nouveau mode de relation à la planète Terre.

Nathalie Chaumet, pasteur de l’EPU Annonciation à Paris, parlant de « Pratique pastorale et écologie », a raconté ses essais de convertir les membres de son église locale à l’écologie: Adhésion au label « Eglise verte », essais de mettre en place des actions et des pratiques plus écologique. L’équipe de 5 personnes est enthousiaste et pleine de bonne volonté, les paroissiens ne suivent pas et ne sont pas réellement intéressés. Manifestement très écolo, et sans doute un peu directive, elle déplore ce manque d’intérêt et s’interroge sur la façon de faire passer les messages

Alexandre Sokolovitch, animateur d’éducation et coach personnel, a raconté son « expérience communautaire écolo-chrétienne » de vie en commun, dans un éco-hameau à Goshen (Côte d’Or), où, entre autres, les profits sont redistribués. Vivre l’expérience d’une sorte de néomonachisme, d’un éco-amour chrétien, d’un éco-Dieu.

Marine d’Allancé, membre du conseil d’administration de A Rocha France, et travaillant au WWF a précisé que cette association a été fondée en 1983 au Portugal et ensuite est devenue une association internationale avec une branche française. Elle a présenté « le travail d’A Rocha (avec le vivant) » en matière de biodiversité, travail de conservation et gestion des espaces naturels souvent en partenariat (par exemple LPO), et a rappelé les maitres-mots de cette organisation : Louange, repentance, engagement et service. 

Martin Kopp a terminé la série des interventions en présentant « l’interpellation du politique ». Théologien écologique, chercheur associé en théologie protestante à l’Université de Strasbourg, il préside la commission Écologie – justice climatique de la FPF, et a fait part de son expérience en lobbying politique. Il a rappelé que les protestants français sont habitués à « interpeller » les décideurs à tous les niveaux, et que les Eglises étaient présentes aux conférences climat de l’ONU, représentées par le Conseil œcuménique des Eglises, et a pris l’exemple de la déclaration du COE relative à l’urgence climatique en novembre 2019 : Cette action est fondée sur des textes de foi et s’articule autour des convictions de foi et des évidences et connaissances techniques. Il met aussi en garde contre les risques de récupérations politiques  et sur la nécessité de donner suite aux interpellations.

Un dialogue animé via le « chat »

Chaque intervention était suivie de questions ou remarques par « chat » ; dans l’ensemble elles confortaient et félicitaient les intervenants. J’ai demandé à R.Kowal en quoi les animaux devaient être sauvés comme les êtres humains, mais n’ai pas compris la réponse, alors que en effet a dit Kowal, le sujet fait débat. A la suite de l’intervention de N.Chaumet et de A Sokolovitch, le débat étant engagé sur les consommations énergétiques plus sobres, j’ai évoqué la possibilité de mutualiser le sujet entre plusieurs paroisses, ou même plus largement. Une réponse sur les commissions immobilières des paroisses qui pourraient se saisir de la question, un participant, Philippe Lariq, a indiqué qu’il fait du conseil en maitrise de l’énergie depuis 20 ans (je n’ai pas réagi…) 

Pascale Kromarek

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