Vivre aujourd’hui – Méditation pour temps de confinement
L’ardeur avec laquelle les uns et les autres imaginent le monde d’après interroge. Le temps présent est-il si difficile à habiter qu’il faille à ce point s’en échapper ? « Il y a une saison pour tout, un temps propice pour chaque désir sous le ciel » dit Qohélet. On reconnaît la sagesse de celui qui pense la vacuité et la vanité d’une existence vécue dans l’inquiétude et le combat pour accumuler et pour réussir. Comme un écho, il y a l’appel pressant de Jésus à rester libre :« Ne vous inquiétez donc pas du lendemain car le lendemain s’inquiétera de lui-même. A chaque jour suffit sa peine. » Comment habiter ce temps qui nous est donné ? L’Ecclésiaste nous invite dans une valse à trois temps.
Au premier temps de la valse, il y a la saison, le temps fixé qui revient et structure notre calendrier. Il nous rassure parce qu’il se répète, se mesure et se décompte : nombre de jours de confinement et de jours jusqu’au déconfinement (un temps pour étreindre et un temps pour s’abstenir d’étreindre), nombre de morts d’hier, nombre de guéris aujourd’hui (temps de se lamenter et temps de danser). Il nous sert de pied d’appui.
Au second temps de la valse, il y a ce temps propice pour chaque désir. C’est là le temps de l’occasion favorable, l’instant décisif pour prendre notre décision : Un temps pour se taire et un temps pour parler (…) un temps pour aimer et un temps pour haïr. C’est ce moment opportun pour choisir ce que nous voulons vivre ici et maintenant. Pourquoi remettre au lendemain ce temps du désir qui se creuse, en sachant que rien de tout cela n’est définitif ?
Parce qu’au troisième temps de la valse, il y a ce temps qui n’appartient qu’à Dieu. Lui seul nous permet ne pas nous laisser dévorer par l’angoisse en prenant de la hauteur pour relier l’ensemble de notre histoire. Nous n’en connaissons ni l’origine ni la fin mais, par la foi, il nous ouvre les portes du Royaume, de l’Éternel, du « à-jamais ». C’est le temps de l’accomplissement et de la joie de vivre.