“Retrouver la confiance” Méditation pour un temps de confinement

On ne parle que d’elle en ce moment… La confiance ! Confiance en la science pour trouver un vaccin ou un traitement efficace. Confiance dans nos leaders pour qu’ils prennent les bonnes décisions avant tout le monde. Confiance dans la puissance de l’argent pour enrayer la crise économique. Mais aussi confiance dans le personnel hospitalier qui se bat nuit et jour…  Mais par-dessus tout, confiance dans les chiffres ! Ceux qu’on nous égrène à longueur de journée : nombre de décès, nombre de cas confirmés, nombre de guérisons, nombre de lits de réanimation, de masques de protection, de respirateurs artificiels, de tests de dépistage… On nous dit que grâce aux modélisations mathématiques, aux calculs de probabilité et aux algorithmes, les chiffres pensent mieux que nous. N’est-ce pas l’intelligence artificielle qui a réussi, grâce à la reconnaissance faciale de la population, à enrayer l’épidémie en Chine ? Alors ne doutez plus, croyez seulement : Les chiffres sont là ! Ils nous indiquent la bonnne direction. Voilà tout ce que Jacques Ellul désignait comme idéologie de la « Technique », quand l’outil, la technologie, le calcul sont devenus des buts en soi, asservissant l’humain qu’ils étaient censés servir.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que la confiance en a pris un sacré coup derrière les oreilles ces derniers temps. Dommage collatéral du COVID-19, elle s’est effondrée sur elle-même, tel un krach boursier. D’ailleurs, les marchés financiers ne sont-ils pas directement dépendants du degré de « confiance » qui souffle dans la société ? Pire que 1929 et 2008 réunis, nous dit-on… On ne sait plus trop à quel saint se vouer…

« Abraham eut confiance en Dieu et Dieu le considéra comme juste, à cause de sa foi. » (Rm 4) Quel est donc ce sentiment de sécurité qui permet à Abram de quitter son pays sans savoir où il va (Gn 12) ou pour croire que Dieu lui donnera ce qu’il faut à la place du sacrifice de son fils (Gn 22) ? Quelle est donc cette assurance qui permet à Israël de penser qu’il va pouvoir échapper au joug de l’esclavage en Égypte (Ex 12) ou qu’il fera tomber les murs de Jéricho au seul son des trompettes (Jos 6) ? Quelle est donc cette folie qui s’empare de Jacques et Jean, les fils de Zébédée, pour tout lâcher d’un coup pour suivre ce prédicateur va-nu-pieds (Mc 1,19) ? Quel est donc ce regard posé par Marie sur son fils pour le croire capable de changer de l’eau en vin au mariage de Cana (Jn 2) ? Quel est donc ce lien spécial entre Marthe et son ami Jésus pour qu’elle pense que sa seule présence aurait pu empêcher la mort de son frère Lazare (Jn 11) ? Quel est donc ce lien unique qui lie Jésus à celui qu’il appelle son Père pour qu’il accepte sa propre mort comme nécessaire pour l’avenir du monde (Jn 3,16) ? Quelle est donc cette relation à nulle autre pareille qui nous permet de croire aujourd’hui avec sérénité que demain nous nous relèverons et que dès maintenant nous pouvons faire des bébés, planter des arbres et lancer des grands projets ?

Un mot suffit pour abattre la sagesse du monde. Le même mot suffira pour rebâtir le monde : la confiance. Tout dépend en qui nous plaçons la nôtre.

Samuel Amédro – 1er avril 2020

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4 commentaires

  • Dans nos vies, nous pouvons avoir des moments de doute, de crainte, de colère, des sentiments d’injustice.
    Mais au bout du compte la confiance est indispensable pour rebondir et pour continuer à vivre. 
    Confiance aux autres, confiance en soi, confiance en Dieu ou dans une transcendance pour ceux qui croient. 
    Pour les Chrétiens, Jésus est l’exemple parfait de cette nécessaire confiance.
    Il l’a d’abord enseignée aux autres (Jean: 14.1 « Ayez confiance en Dieu et ayez aussi confiance en moi »).
    Puis il l’a mise en pratique pour lui-même. Il a en effet connu le doute et la peur au moment de sa Passion (Luc: 22.42: « Père, si tu voulais éloigner de moi cette coupe ! » Matthieu: 27.46: « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »)
    Mais il s’est ressaisi en faisant confiance à son Père (Luc: 22.42 « Toutefois, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne. »).
    Pour sortir par le haut de la crise que nous traversons, nous n’avons guère le choix.
    Sans être aveuglés ni naïfs, il nous faut retrouver la confiance, pour ceux qui l’auraient perdue et la maintenir pour ceux qui l’ont encore.

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    • Merci beaucoup pour ce commentaire de notre méditation !! Nous ne pouvons qu’être en pleine communion avec ce qui est dit. Bien fraternellement

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  • Super sermon Samuel!!

    Quel charisme! foi, réflexion, sagesse, sérénité.
    Bravo!

    Cousine Lysiane

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