Dimanche 17 mars 2013, par Simone Bernard
Ce texte s’inscrit dans une série de paraboles : La brebis retrouvée – la pièce retrouvée – le fils retrouvé, passage intitulé quelquefois parabole du fils prodigue. Jésus a expliqué à ses disciples pourquoi il s’exprimait sous forme de parabole. Relisez dans Matthieu 13 les versets 10 0 17 d’où j’extrais ces lignes : « Voici pourquoi je leur parle en paraboles : parce qu’ils regardent sans regarder et qu’ils entendent sans entendre ni comprendre… »
Saurons-nous entendre, saurons-nous comprendre ce que nous dit Jésus à travers la parabole proposée ce matin à notre méditations ?
Nous nous trouvons devant deux personnages : un homme riche vivant dans l’opulence – qui n’est pas nommé – et un homme pauvre du nom de Lazare, ou Eléazar, ce qui signifie « Dieu aide ». L’homme riche n’a aucune pitié pour Lazare et ne lui octroie aucune aumône. Connaît-il seulement son existence ? La suite du récit nous prouvera le contraire. La mort vient faucher et Lazare et le riche, mais leur sort est bien différent. Le pauvre Lazare est désormais dans le sein d’Abraham, vivant une félicité. Il en va tout autrement de l’homme riche qui se retrouve dans ce que l’on peut nommer les flammes de l’enfer. Nous pourrions lui rappeler les paroles du Seigneur rapportées par le prophète Esaïe : « Je procure en plein désert de l’eau, des fleuves dans la lande, pour abreuver mon peuple, mon élu… » Mais le riche ne pense pas à Dieu. Plus prosaïquement, c’est à Lazare qu’il pense ; il suggère à Abraham de le lui envoyer afin de le rafraîchir. A ses yeux, Lazare reste un inférieur qui peut encore être à son service, même dans l’au-delà. La mort ne lui a pas ouvert les yeux sur les rapports entre les êtres. Abraham va remettre les choses en place : Abraham, qui a connu le malheur sur terre, est maintenant dans la félicité, et le riche qui a été dans l’opulence, connaît maintenant la souffrance. Et il n’existe pas de solution pour rétablir l’équilibre : les relations sont impassibles entre les deux mondes, celui des bienheureux et celui des damnés.
Le récit nous montre alors une facette plus sympathique de l’homme riche : il demande que ses frères soient mis au courant de sa situation afin d’échapper au même sort. Une fois encore il suggère que Lazare aille bers ses frères. Abraham explique alors à l’homme riche qu’il est impossible de passer du royaume des morts à celui des humains ; l’enseignement qui est dispensé ici-bas doit suffire pour ouvrir la voie du ciel. Faisons un détour par l’épître aux Philippiens. L’apôtre Paul s’exprime ainsi : « Il s’agit de le connaître, lui – le Christ – et la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances, de devenir semblable à lui dans la mort. » La parabole ne fait pas mention du Christ – c’est lui qui s’exprime, bien vivant, avant Gethsémané et l’évènement de Pâques. L’homme riche qui ne s’est soucié que de son bien-être et de sa renommée est tombé au plus bas. Il se trouve en enfer.
L’enfer joue un grand rôle dans cette parabole, mais il n’en est pas le cœur. Si le centre du récit était la prédication de l’enfer, la parabole voudrait dire qu’il suffit d’être pauvre pour aller au paradis et que tous les riches sont damnés. Je ne crois pas que les membres des associations caritatives s’appuient sur la parabole du riche et de Lazare pour venir en aide à tous les démunis, leur redonner espoir en un monde meilleur. Suffirait-il de dire à un S.D.F. rencontré dans la rue qu’il a un avenir radieux pour que son visage s’illumine et qu’il se voie déjà dans le paradis – sans lui donner la moindre pièce ni lui adresser le moindre mot de réconfort…
L’enseignement central de ce récit est la relation riche / pauvre et l’importance de la vérité de Moïse et des prophètes. La parabole est un appel à la justice sociale et au partage. Il n’est pas besoin d’une révélation spéciale pour entendre cet appel, il suffit d’être à l’écoute des Ecritures. Jésus utilise ainsi la parabole pour dire aux Pharisiens qui aimaient l’argent qu’il ne suffit pas d’appliquer la Loi pour être quitte avec l’Ecriture : il faut être capable de voir le pauvre qui est à sa porte.
Ce texte qui parle de damnation, de châtiments éternels peut nous choquer. Nous avons des difficultés à le relier à l’affirmation centrale de l’Ecriture selon laquelle Dieu est amour.
Tout au long de son ministère, Jésus s’est tourné vers les plus défavorisés : malades, infirmes, indigents, apportant guérisons et réconfort. A chacun de relire cette parabole en l’actualisant. Nous sommes submergés par des appels en faveur d’œuvres multiples qui ont toutes leur raison d’être : appels en direction des enfants malheureux, des personnes âgées, des handicapés, des malades atteints de maux divers… Comment répondre à toutes ces détresses ? C’est ce qui s’efforce de faire l’association DIESE qui nous sollicite chaque dimanche. Que l’Esprit nous éclaire dans les choix que nous avons à faire et que toute action concoure à l’annonce de l’Evangile.
Souvenons-nous de la déclaration du prophète Esaïe : « Je procure en plein désert de l’eau, des fleuves dans la lande, pour abreuver mon peuple, mon élu. »
Cette eau, sachons la partager avec ceux qui ont soif, soif d’espoir, soif d’amour.
Amen
2 commentaires
Et si je comprends bien, le pauvre ici est pris comme un être n’ayant pas d’initiative de soutien envers son prochain et donc pauvre en esprit car la pauvreté est d’abord mentale.
Et si je comprends bien, le pauvre ici est celui qui prend soin de son prochain face a celui qui ne prend soin de personne, appelé riche.
Par ailleurs, n’était il pas possible d’inverser leurs identités ? Selon l’étymologie de chaque terme « riche » et « pauvre »