« J’étais aveugle, maintenant je vois »

Saurons-nous reconnaître que nous sommes aveugles et que nous avons besoin de la lumière de Jésus-Christ ? Je vous lis un verset biblique, qui se trouve juste avant notre passage dans l’Evangile de Jean (au chapitre 8)

« Moi, je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie » (Jn 8, 12)

Frères et sœurs, tout le chapitre 9 de ce même évangile de Jean constitue une illustration de cette vérité (surgissement, révélation, dévoilement, apocalypse, …).
La guérison de l’aveugle-né indique que Jésus est la lumière du monde. Cette guérison est un miracle ou plus exactement un signe. Ce qui est donc important, c’est leur signification ; c’est ce qu’ils veulent dire, au-delà du fait lui-même.
Donné par Dieu, un tel signe est comme un clin d’œil de Dieu pour nous faire comprendre quelque chose.

Frères et sœurs, ce récit nous faire toucher du doigt, non seulement l’étendue des pouvoirs de Jésus en matière de guérison, mais aussi qu’il est véritablement la lumière de nos vies.

De même que Jésus a guéri l’aveugle-né et lui a apporté la lumière, de même il peut ouvrir les yeux de tous les aveugles spirituels que nous sommes. Les disciples de Jésus apparaissent, dans ce texte, comme totalement dépendants de la mentalité de l’époque. Ils adhèrent sans problème apparent au raisonnement qui avait cours : si maladie (handicap) il y a, c’est que péché il y a. On remonte toujours ainsi de l’effet à la cause : il y a un effet qui s’appelle “maladie”, et qui a forcément une cause : le péché.

Un tel raisonnement est tout à fait sécurisant pour le bien-portant ; en effet, cela lui permet…

* de juger les autres,
* de se débarrasser de leur malheur et des questions que cela pose,
* d’attribuer sa propre bonne santé à son innocence.

Eh bien, Jésus casse ce schéma sécurisant : “malade = coupable”. Pour lui, pas de fatalisme !
Car la question n’est pas : pourquoi ? (ce qui invite toujours à rechercher les causes de la maladie ou de tout autre événement négatif), mais : comment ? (c’est-à-dire : comment vais-je sortir de cette situation ?). Ce sont là deux attitudes très différentes.

Saviez-vous que lorsqu’un Occidental tombe à l’eau, sa première question va être : Qui m’a poussé ?

En revanche, si c’est un Oriental qui tombe à l’eau ou quelqu’un de la trempe de l’Ecclésiaste, sa première question sera : Comment vais-je m’en sortir ?
Et – il faut bien le reconnaître – la question “Qui m’a poussé ?” peut ne venir qu’après, car la recherche des causes et l’analyse d’une situation donnée peuvent faire partie d’une enquête ultérieure ; ainsi,

  • le “pourquoi” nous oblige à regarder en arrière
  • Alors que le “comment” (comment faire pour sortir de ce pétrin ?) va nous obliger à regarder en avant ; c’est le regard de l’espérance (v. 4).

Il me semble bien, d’ailleurs, qu’en présence d’un être humain en détresse sociale et économique, nous avons plutôt tendance, de nos jours, à rechercher les causes : comment se fait-il que vous ayez pu tomber si bas ? au lieu de lui tendre la main et de l’aider à revenir sur la berge.

Ainsi, voyez-vous, – et c’est le premier point que je voulais partager ce matin – Jésus propose de nouvelles relations entre les hommes : non pas des relations basées sur le jugement, mais sur la sollicitude, l’entraide et l’espérance.

Deuxième point :

Jésus transforme les situations (et c’est plus qu’une formule pieuse !).

Nous voyons ici de quelle façon s’opère la guérison de cet homme aveugle-né :

–        l’application de boue,

–        le trajet jusqu’à la piscine,

–        et le lavage.

L’aveugle – remarquons-le – aurait pu réagir différemment : il aurait pu se moquer de Jésus ; il aurait pu n’accorder aucun crédit aux paroles de Jésus et en particulier à son ordre : Va te laver la figure à la piscine de Siloé ! Il aurait très bien pu ne pas y aller ; il était libre !

Mais le miracle, c’est que, déjà, il soit allé jusqu’à Siloé ! Cette obéissance à la parole de Jésus, cette participation personnelle au miracle de sa guérison, c’est sa démarche personnelle, qui est déjà une démarche de foi, de confiance.
Et il se trouve que Jésus envoie l’aveugle à Siloé, alors que le mot même de “Siloé” signifie “envoyé”.

De plus, la scène se passe pendant la Fête des Tentes, cette fête où l’on construisait un peu partout de petites huttes rappelant le séjour au désert.

 Il se trouve que pendant cette fête, les Juifs avaient l’habitude de se rendre en procession au bassin de Siloé ; et le temple était illuminé pendant cette fête.

La Fête des Tentes était donc, aussi, la fête de la lumière !

 Tout cela n’est certainement pas le fruit du hasard ; Jésus fait exprès qu’il en soit ainsi, et cela constitue un message supplémentaire pour ses contemporains.

(Ainsi), Jésus guérit, mais il ne guérit pas l’aveugle malgré lui ; celui-ci collabore, participe au miracle de sa guérison, par son obéissance même.
Et puis, suite à sa participation et à sa guérison, l’ancien aveugle va naître (advenir) à la foi : après la guérison physique, vient la guérison spirituelle. Car il faut bien constater chez cet homme une évolution spirituelle.

Regardons de quelle façon il appelle Jésus ; tout au long du récit, cela évolue, et c’est là le signe d’un changement intérieur :

* l’homme qu’on appelle Jésus (v. 11) ;
* C’est un prophète (v. 17) ;
* Cet homme est de Dieu (v. 33) ;
* Le Fils de l’homme, le Seigneur (v. 35-38).

Ainsi, après le passage des ténèbres à la lumière au plan physique, vient le passage des ténèbres à la lumière au plan spirituel. Ce qui correspond à l’affirmation de l’apôtre Pierre, dans sa lettre : Dieu nous a appelés à passer des ténèbres à son admirable lumière (1 Pierre 2/9).

A l’inverse, les pharisiens ne veulent rien savoir ; ils se bouchent les yeux ; ils sont victimes de leur propre aveuglement. C’est ce que Jésus souligne au v. 39 :  « C’est pour un jugement que je suis venu dans le monde, pour que ceux qui ne voyaient pas voient et, que ceux qui voyaient deviennent aveugles. »

Ainsi, les hommes se jugent eux-mêmes par l’attitude qu’ils prennent en face de la personne de Jésus-Christ.

Frères et sœurs,

ce récit de miracle nous a permis ce matin de mettre en évidence les trois constantes que l’on retrouve pratiquement dans tous les récits de ce type dans les évangiles : quand Jésus est là…

* de nouvelles relations s’instaurent entre les hommes,
* Jésus contribue à une transformation des situations,
* certaines personnes parviennent à une meilleure connaissance de l’identité de Jésus.

Et c’est vrai encore aujourd’hui !

grâce à la présence de Jésus au milieu de nous, de nouvelles relations peuvent s’instaurer entre les hommes, et c’est un des rôles d’une communauté chrétienne que d’y contribuer ;

 * grâce à la présence de Jésus au milieu de nous, bien des situations peuvent être transformées, aux plans physique, moral ou spirituel ;

* grâce à la présence de Jésus au milieu de nous, certaines personnes parviennent à mieux connaître qui est Jésus, à mieux percevoir son identité réelle et à affirmer leur foi en lui.

Seulement, saurons-nous reconnaître que nous sommes aveugles et que nous avons besoin de la lumière de Jésus-Christ ?

Que le Seigneur nous éclaire sur ce point…

Amen.

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