Lectures Bibliques : Ecclésiaste 2, 1-11 et Actes 20, 32-35
Fiona : Trouver un sens à sa vie… C’est une question qui a habité le groupe des jeunes actifs depuis quelques mois maintenant. C’est une question qui en habite sans doute plus d’un derrière son écran…
Mais pour ne prendre aucun risque et n’imposer à personne mes crises existentielles je vais parler en “je”
Quel sens a ma vie ? Personnellement, cette question m’angoisse. J’ai le vertige devant le sentiment de vacuité et d’absurdité de mon existence. Châteaubriand dans le Génie du Christianisme résume plutôt bien l’affaire : “L’imagination est riche, abondante et merveilleuse ; l’existence pauvre, sèche et désenchantée. On habite avec un cœur plein un monde vide, et sans avoir usé de rien on est désabusé de tout”.
Je vis, je sors avec des amis, je vais au temple le dimanche, j’étudie, je télétravaille en cette période de confinement, je m’ennuie, je dors, je mange… Je traverse l’existence, et si je sais à peu près d’où je viens, je n’ai absolument aucune idée d’où je vais.
Ma vie n’a aucun sens, parce que je n’ai aucune idée de ce qu’elle pourrait signifier, je n’ai ni direction ni raison d’être, je suis née, je vis et je vais mourir.
Et c’est à peu près tout. Je ne lui trouve pas de sens.
Comme l’Ecclésiaste au début de son livre, laissez-moi vous dire que :
“Tout n’est que fumée, tout part en fumée. (…)
On ne pourra jamais assez dire combien tout cela est lassant : l’œil n’a jamais fini de voir ni l’oreille d’entendre.
Ce qui est arrivé arrivera encore.
Ce qui a été fait se fera encore.
Rien de nouveau ne se produit ici-bas.”
Emile : Pour moi c’est l’inverse ! La question ne m’a jamais trop perturbée. J’ai toujours eu l’impression d’être sur des rails dans la vie. J’ai eu toujours su et reçu ce que je voulais. J’ai bien couru la course ! Je me suis focalisé, j’ai tout donné et j’ai couru tout droit ! Et j’ai doublé tout le monde : je me suis marié à 20 ans, à 25 ans, j’étais embauché dans mon job de rêve. J’étais reconnu, apprécié, de mes pairs.
Mais à 27 ans, j’ai découvert ceci : une fois la ligne d’arrivée franchie, nos rêves les plus fous deviennent vite routine. J’ai découvert ceci : les mets exquis que nous poursuivons peuvent devenir du sable dans la bouche ! J’ai découvert ceci : tout ce que nous poursuivons sur cette terre n’est que fumée !
Et puis il y a un an mon train a déraillé. Disons que c’était ma décision mais j’avais mal anticipé les dégâts collatéraux. Imaginez… un train qui déraille à pleine allure… on ne peut pas tout prévoir !
Voilà ce que je peux vous dire du haut de mes 32 ans : le sens de la vie n’est pas dans la destination.
Fiona: Mais alors comment trouver un sens à sa vie ? Se contenter de vivre – métro boulot apéro dodo – sans laisser de trace de notre passage dans ce monde et dans la vie des autres ?
Ou découvrir une raison de vivre ? Une raison plus grande que nous et qui nous dépasserait complètement ?
Y a-t-il seulement un sens à trouver ? Avons-nous, chacun, chacune, une raison d’être ? Quelque chose qui expliquerait que nous soyons vivants et qui le justifierait ?
Je cherche quelque chose à contre-sens de ce que nous dit l’Ecclésiaste ; pour enfin dissiper la fumée. Pour enfin trouver une raison d’exister et d’être sur terre.
Nous courons après toutes sortes de choses dans l’espoir de trouver ce sens à notre existence. Trouver le savoir, l’argent, le divertissement… Alors on se fixe des objectifs : aimer son travail, fonder une famille, changer le monde, devenir propriétaire, avoir une maison de vacances sur l’île de Ré, avoir tout lu, vu toutes les séries Netflix, ou avoir une rolex avant 40 ans…
Pourtant l’Ecclésiaste semble formel : le bonheur n’est pas matériel, ni rationnel. Il sait de quoi il parle, il a tout su, tout eu. Et pourtant il reste angoissé devant la vanité de sa vie. On a beau se divertir, s’enrichir, gagner en importance, gagner en sagesse… Le sens de la vie continue de nous échapper.
Nous courons après l’argent, le divertissement, le savoir, des projets … En réalité, nous dit l’Ecclésiaste, nous courons après le vent. On désespère de trouver quelque chose pour donner du sens. On s’angoisse et on panique de ne rien trouvé ou au contraire d’avoir tout trouvé !
Le groupe : Et si nous nous trompions quand nous cherchons pour trouver un sens à notre vie ? Trouver un sens à sa vie? En tant que groupe des jeunes actifs nous nous sommes fait la réflexion suivante :
Et si en fait le problème se trouvait dans la question elle-même ? : “Trouver un sens à sa vie”
Et si c’était ça l’avertissement de l’Ecclésiaste? Rien de ce que vous TROUVEREZ sur cette terre ne fera sens. Et si nous nous trompions quand nous faisons reposer le sens de notre vie sur des buts, des objectifs ou des rêves qui, une fois atteints nous laissent vides de sens à nouveau.
Demain ne nous appartient pas car nul ne sait de quoi il sera fait! Si le sens de notre vie dépend de demain alors nous sommes à la merci de le voir se dérober à nous ! Et même si demain nous atteignons nos objectifs, que nous restera-t-il pour après demain? Voilà ce que nous avons entre les mains : Aujourd’hui ! Hier est gravé dans la pierre et demain est un mystère. Aujourd’hui ait tout ce que nous ayons. Donner un sens à sa vie c’est donc : maintenant ou jamais!
Si là, maintenant, tout de suite, notre vie n’a pas de sens, pourquoi aurait-elle soudainement plus de sens demain ? Que faire dès maintenant ? Que faire tout de suite pour que notre vie ait du sens dès aujourd’hui ?
Plutôt que de trouver un sens à sa vie nous devrions poser la question ainsi : Comment donner un sens à sa vie ? La réponse est dans la question : donner.
Jésus le dit lui-même “Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir!” et nous connaissons cette phrase par coeur. Elle est presque devenue banale et évidente ; on la répète à Noël aux anniversaires, fête des mères, fête des pères… Mais on ne s’attarde pas assez sur cette phrase.
Donner. Il n’est pas question de trouver quoi que ce soit. Mais bien de donner. Jésus nous laisse le choix : “Entrez par la porte étroite! Car large est la porte et facile le chemin qui mènent à la ruine ; nombreux sont ceux qui passent par là. Mais combien étroite est la porte et difficile le chemin qui mènent à la vie ; peu nombreux sont ceux qui les trouvent”. Il est si facile de se tromper, de choisir la mauvaise porte. Toutes sortes de choses peuvent devenir l’essence de notre vie, les candidats sont nombreux : l’écran de notre téléphone ou de notre ordinateur, le travail, un beau mariage, l’argent, le développement personnel,…
À côté de cela, qu’est-ce que nous Chrétiens avons à proposer ?
Jésus nous propose de le choisir lui, et de le mettre au centre de nos vies. Aimer de toute notre âme et de tout notre coeur, comme il a aimé le monde. Nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés. Ce ne sont pas des paroles vides.
Le vide c’est ce que décrit Chateaubriand : la lassitude et le sentiment d’être écœuré devant la platitude de notre existence.
Le vide c’est de poursuivre des objectifs atteignables et mesurables, et ne plus savoir quoi désirer une fois nos rêves accomplis.
Le vide c’est de vivre sans idéal. Ne pas pouvoir s’inscrire dans une Histoire plus grande que la nôtre.
A tout ceux qui se sentent perdus, qui veulent un sens pour aujourd’hui, le Chrétien répond : “Dieu nous aime!” Cela peut paraître évident, éculé ou niais. Mais pensons-y un instant! Si nous et l’univers qui nous entoure avons une cause première et que celle-ci se nomme Dieu. Si cet être connaît chaque atome, ce qui nous entoure, tout ce qui nous à fait et ce que nous sommes ! Et si malgré tout cela! Notre histoire, nos laideurs et nos hontes il nous aime!
Si même sur la croix, son amour pour nous reste inébranlable : “Mon père pardonne leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font”. Si jusque dans la mort, Jésus continue de nous aimer de manière inconditionnelle et invincible. Qui peut encore garder la tête basse ? Qui ne peut pas se sentir profondément à sa place dans l’univers, maintenant et tout de suite ? “Dieu m’aime!” Et fort de cet amour, je peux aimer à mon tour.
Qu’est-ce que donner un sens à sa vie sinon savoir discerner au quotidien ce qui a vraiment de l’importance. Ecoutons ce souhait vibrant que Paul fait monter à Dieu au sujet des Philippiens : Philippiens 1.9-10 Voici ce que je demande à Dieu dans ma prière : c’est que votre amour grandisse de plus en plus, avec une pleine connaissance et une compréhension parfaite, pour que vous soyez capables de discerner ce qui est important. Ainsi, vous serez purs et irréprochables au jour de la venue du Christ. Vous serez comblés d’une vie conforme à sa volonté, vie qui vous est donnée par Jésus Christ, à la gloire et à la louange de Dieu.
Alors si aujourd’hui je ne suis pas capable de faire grand bien, Au moins tacherais-je de ne pas faire de mal. Et surtout, surtout, j’espère ne pas me tromper sur le sens du mot “aimer”. Mais alors? Aimer, concrètement, qu’est-ce que cela veut dire ?
Nous aimerions vous proposer l’idée que l’amour est un choix, On le croit parfois capricieux : un tel je l’adore, lui c’est physique je peux pas le voir… La vérité c’est que l’amour est bien plus qu’un sentiment lunatique et fantasque!
Si Jésus nous appelle à aimer nos ennemis il parle bien ici de choix et non de sentiments. Car l’on parle justement de personnes que nous ressentons comme nos adversaires. Nous ne pouvons choisir ce que nous ressentons. Nos vies, nos parcours nos expériences nous aliènent, nous rapprochent des uns ou des autres. Choisir d’aimer ce n’est pas se forcer à être sentimental, mais c’est choisir comme Christ de poser des actes par delà nos sentiments et nos ressentiments.
La Bible n’est pas une comédie romantique pleine de bons sentiments, où Dieu nous ferait de belles déclarations d’amour… Nous savons que Dieu nous aime car il a posé des actes concrets. Quand Jésus est venu sur terre, il a mangé avec ceux avec qui il ne fallait pas partager de repas. Il a parlé avec ceux avec qui il fallait éviter toute conversation. Il a touché ceux avec qui il fallait éviter tout contact. Il a défendu ceux que personne ne voulait défendre.
Donc l’amour est un choix, le choix d’agir comme Jésus a agi. Et le premier acte d’amour qu’il a posé envers nous fut de s’approcher de nous. Il s’est fait homme parmi nous, il a été tenté en toutes choses comme nous, il a partagé notre condition.
Rappelons-nous des mots de Jean : “Quant à nous, nous aimons parce que Dieu nous a aimés le premier. Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », et qu’il a de la haine envers son frère ou sa sœur, c’est un menteur. En effet, s’il n’aime pas son frère ou sa sœur qu’il voit, il ne peut pas aimer Dieu qu’il ne voit pas. Voici donc le commandement qu’il nous a donné : celui qui aime Dieu doit aussi aimer son frère ou sa sœur”. (1 Jean 4.19-21). Le vide, le vrai, c’est de croire qu’on peut aimer Dieu sans aimer les autres. Il ne s’agit pas d’aimer Dieu, et peut-être les autres. Il s’agit d’aimer les autres pour aimer Dieu.
Parfois, je nous l’accorde, notre vie semble dénuée de sens et l’avenir est brouillé. Comme Jésus sur la croix on aimerait bien crier : “Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?” Parfois nous sommes tellement malheureux, perdus, déboussolés que Dieu nous semble inatteignable. On a l’impression que tout n’est que fumée. Et c’est une épreuve. C’est une épreuve de chaque jour que d’être capable de voir Dieu quand on ne le voit plus, de l’entendre quand il ne nous parle pas et de l’écouter quand il reste silencieux.
C’est à nous de choisir. À nous de choisir de le voir là où la douleur et le malheur nous font croire qu’il a disparu. Cherchez Dieu, même là où il n’est pas, pour finalement découvrir qu’il était là depuis le début. “Sachez-le, je vais être avec vous jusqu’à la fin du monde” nous dit Jésus. (Matthieu, 28:20). La vérité c’est que Dieu ne nous abandonne jamais. À notre tour de pas l’abandonner. Et plus important encore : si Dieu ne nous abandonne pas, alors à notre tour, n’abandonnons pas les autres. Voici ce que nous dit Jean : “Mes enfants, n’aimons pas avec des paroles et avec de beaux discours, mais avec des actes. Ces actes montrent que notre amour est vrai.”
Donnez. Point. Ne partez pas à la recherche du temps perdu, de l’amour, de la joie… Donnez les. Donnez du temps, donnez d’aimer, donner de rire et de sourire avec tous ceux que vous croiserez sur votre chemin.
Donnez du sens aujourd’hui ce n’est pas chercher à trouver quoi que ce soit, c’est chercher à propager l’amour, pour vivre avec les autres et avec Dieu ; Ne Lui demandons pas de bénir nos travaux, mais entrons dans son Projet car il est déjà béni : Aimer !
Ne nous complaisons pas dans des écrans de fumée, mais propageons les fruits de l’Esprit Saint : la tempérance, la douceur, la fidélité, la bonté, la bienveillance, la patience, la paix, la joie et l’amour. Dieu nous a donné jusqu’à sa propre vie, à notre tour de donner et de nous aimer les uns les autres. Un don, et plus qu’un don, un amour réciproque, voilà tout le sens de notre vie et de chacun de nos pas.
Amen.
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