L’épisode de Matthieu 21, 1-11 raconte l’entrée triomphale de Jésus dans Jérusalem sur un ânon, où une foule l’accueille comme Messie-Roi en déposant des vêtements à ses pieds, agitant des branches de palmes, et criait : « Hosanna, béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !»
Et nous aujourd’hui, à l’occasion de ce dimanche des Rameaux, comment l’accueillons-nous à notre tour ?
Accueillir Jésus, c’est d’abord accepter sa promesse s’accomplir en nous.
Chers frères et sœurs, l’entrée de Jésus dans Jérusalem sur un ânon répond à un geste hautement symbolique. Il ne fait pas son entrée triomphale sur un cheval de guerre, mais en Messie pacifique sur un humble petit ânon.
En se servant d’une citation bien connue de la tradition chrétienne primitive, à savoir Za 9,9, qui évoque la figure d’un Messie humble et pacifique, Matthieu souligne l’accomplissement d’un acte prophétique ; l’accomplissement de tout ce qui a été annoncé par les prophètes au sujet d’un Messie qui va venir.
Je pense que certains habitants de Jérusalem auraient préféré voir l’arrivée d’un Messie triomphateur, un Messie qui entre à Jérusalem un cheval de guerre pour rétablir la paix d’Israël. Mais non ! Il fait son entrée messianique à Jérusalem dans un modeste équipage qui contredit radicalement les aspirations de ceux qui espéraient un Messie politique.
Les juifs attendaient un Messie-roi qui viendrait régner au nom de Dieu, pour rétablir Israël dans sa grandeur, et accomplir toutes les promesses de Dieu ; et pourtant, c’est l’effet inverse qui se produit. Il ne vient pas comme un Messie-glorieux, comme un chef politique prêt à rétablir la royauté terrestre d’Israël. Il vient comme un Messie spirituel au service d’un royaume qui n’est pas de ce monde.
Oui frères et sœurs, Jésus vient s’offrir à notre accueil.
Si un groupe criait hosanna pour accueillir Jésus, un autre s’interroge : Qui est cet homme ?
Dans ce texte de Matthieu, il y a une tension entre la foule qui accueille et celle qui pose question.
La foule qui accueille est celle qui criait « hosanna ». Elle est composée en grande partie des pèlerins qui se rendaient à Jérusalem pour la Pâque, la plus grande des fêtes annuelles.
En se rendant à Jérusalem pour la Pâque juive, ils accueillaient Jésus avec enthousiasme. Comme pour un roi ancien, ils font de leurs vêtements un tapis multicolore et coupent des branches pour l’accueillir avec les paroles du psaume 118 qui le proclamaient Messie :
« Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ».
En hommage à Jésus, cette foule immense de Jérusalem criaient « hosanna ! » ce qui veut dire : sauve-nous ! aide-nous !
A l’origine, hosanna est un cri de détresse, un cri de supplication. Mais au fil du temps, ce mot est devenu un cri de joie, de confiance et d’espérance.
Hosanna est le retentissement d’une louange exaltante, et d’une explosion d’espérance en la rapide instauration du règne de David. Hosanna : sauve Seigneur ! Viens nous sauver de nos craintes, viens nous sauver de nos peurs, viens nous assurer que tu es en Jésus-Christ remplit d’amour et de tendresse !
« Hosanna » c’est le cri de celles et ceux qui se sentent seuls, le cri de chacune et de chacun qui met sa confiance en Dieu, à qui nous pouvons dire : « sauve-nous » !
Hosanna : c’est le cri de toute l’humanité qui souffre, le cri de celles et ceux qui pleurent et attendent l’arrivée d’un changement, l’arrivée d’une vie meilleure.
Partout dans le monde, il y a des crises sociales, politiques, économiques, écologiques. Des jeunes et des personnes âgées posent question sur leur avenir.
Dans une telle situation, le Seigneur Jésus nous appelle à poser des actions concrètes dans notre pays, dans nos entourages, dans des organisations qui militent pour une vie meilleure dans un monde en crise.
Cependant, en posant des actions concrètes, il y aura souvent des gens qui poseront des questions, des gens qui s’opposeront à Jésus comme la deuxième partie de la foule.
« Lorsqu’il entra dans Jérusalem, toute la ville fut en émoi ; les uns disaient aux autres : « Qui est cet homme ? Et ils répondaient : « C’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée ».
Cette foule qui interroge ne croyait pas en Jésus comme étant le Messie promis par les prophètes. A tout prix, ils visaient déjà sa mort.
Si d’une part, une foule de pèlerins accueille Jésus avec enthousiasme ; d’autre part, un groupe de citadins de Jérusalem ne voyaient en celui-ci qu’une sorte de prophète venu d’un coin reculé de la Galilée ; quelqu’un qui représentait une menace contre leur pouvoir politique et religieux.
En moins d’une semaine de son entrée à Jérusalem, cette foule versatile qui criait « hosanna, béni soit celui qui vient », criera plus tard : « Crucifie-le ! Crucifie-le !
La liesse populaire provoque une forme d’émoi (plus littéralement un « séisme, comme ce fut le cas lors de la mort et de la résurrection de Jésus (27, 51 ; 28, 2) dans Jérusalem.
Frères et sœurs, si jadis, aux portes de Jérusalem, les Hébreux ont accueilli Jésus avec enthousiasme. Ils ont étendu des vêtements sur la route ainsi que des branches de palmier pour l’exalter ; en foule, ils chantaient : « Hosanna, béni soit celui qui vient ! ». Et nous aujourd’hui, pour reprendre notre question de départ, comment l’accueillons-nous à notre tour ?
Comme l’ont fait des habitants de Jérusalem, nous n’étendrons pas des vêtements ou des rameaux inanimés, des branches d’arbres qui vont bientôt se faner. C’est donc nous-mêmes que nous devons, en guise de vêtements, déployer sous ses pas pour accueillir le Seigneur Jésus qui vient à nous.
Accueillir le Christ, c’est lui donner place dans notre cœur, le faire roi de nos existences, lui qui vient au nom de Dieu mourir sur la croix pour le salut de tous.
Comme la foule rassemblée à Jérusalem ce jour-là, nous voulons – à l’occasion de ce dimanche des Rameaux – reconnaître en Jésus un Roi. Un roi dont le pouvoir est de donner sa vie pour les autres.
C’est pourquoi, nous sommes invités à l’accueillir au jour le jour dans nos démarches concrètes, dans nos lignes de vie, dans nos choix familiaux, professionnels et personnels.
Accueillir Jésus comme Messie attendu, c’est reconnaître qu’il est celui qui règne dans notre vie, celui qui donne la paix, une paix intérieure – indépendante de celle que le monde donne.
Jésus monte sur un ânon pour entrer dans Jérusalem afin de faire comprendre qu’il est certes le Messie attendu, mais un Messie spirituel dont sa route triomphale mène à la souffrance et à l’humiliation sur la croix et non à une démonstration de force.
Ainsi mes sœurs et frères en Christ, en ce dimanche des rameaux qui démarre cette semaine sainte, nous sommes appelés à aller au-devant le Seigneur Jésus-Christ pour nous abaisser nous-mêmes devant lui, autant que nous le pouvons, par humilité du cœur, afin de l’accueillir dans la simplicité de nos existences, lui qui vient nous rencontrer là où nous sommes. Amen !
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