Et après ? Rêver un monde ré-généré – Méditation pour un temps de confinement

On nous donne une date et d’un coup, comme par enchantement, nous voilà libérés de l’angoisse qui nous paralysait, délivrés de l’incertitude qui nous stérilisait… Comme si on nous avait soudain ôté les chaînes qui nous éreintaient, et que nous nous retrouvions libérés de notre confinement mental. On entrevoit désormais une sortie du tunnel et partout on se prend à rêver d’un monde meilleur.

D’ailleurs, chacun a déjà entamé sa partition. Les privilégiés (dont je fais partie) y voient pour la plupart une formidable opportunité de partage et d’humanité retrouvée. Ils sont prompts à déceler les traces d’une générosité et d’une bienveillance qui prend soin aujourd’hui d’un voisin hier encore inconnu. Entrevoir l’avenir avec optimisme sera alors de mise. De leur côté les plus vulnérables ont depuis le début le sentiment de vivre sur une autre planète et subissent de plein fouet cette période comme un temps terrible de méfiance, de colère, de violence et de danger. Ceux-là aimeraient chambouler un système qui, selon leur perception, ne fait que les desservir. Ceux dont le cœur penche à gauche estimeront – sans doute avec quelques raisons – qu’il sera désormais nécessaire d’investir dans la santé, la recherche et l’éducation. Et l’on entend ici ou là ressortir du chapeau des propos de campagne électorale pour donner à rêver… tel le revenu universel. Ceux qui ont une sensibilité de droite quant à eux vont – ici aussi avec quelque pertinence – en appeler à la responsabilité. Que chacun prenne sa part dans un effort collectif nécessaire pour relancer une machine économique productrice des richesses que l’on distribue aujourd’hui. Eux aussi, à leur manière, fourbissent à nouveau leurs arguments électoraux en agitant le spectre de la faillite et de la dette qu’il faudra rembourser.

Je ne peux m’empêcher de penser que, terriblement bien intégrés à la société, les chrétiens que nous sommes ont surtout montré collectivement leur paralysie spirituelle et leur aliénation à ce monde et à ses exigences. Nous avons bien sagement joué le rôle que les autorités et les prescripteurs du bien nous avaient assigné. Je ne dis pas que nous n’avons rien fait, rien dit… Mais je ne vois pas qu’en cette période nous ayons été particulièrement porteurs de régénération du monde. Avons-nous fait preuve de liberté face aux idéologies qui fonctionnent et qui tendent et prétendent construire le Bien ?

Avons-nous prononcé une parole libératrice qui produit de l’espérance ? Sans doute avons-nous tenté de le faire les uns et les autres, chacun à notre mesure… Mais force est de constater que cela s’est fait dans la confidentialité des presbytères et reste réservé au public-cible des abonnés de nos chaînes YouTube créées pour l’occasion.
Alors maintenant que le monde nous y autorise… faisons-le ! Allons-y : rêvons ! Imaginons ! Laissons parler l’Esprit puisqu’il souffle et qu’il nous habite. Vous voyez, cet esprit de liberté qui fait de nous des héritiers du Royaume (Mt 25,34 ou Rm 8,17). Laissons les autres imaginer un monde meilleur et soyons, nous, porteur d’un monde nouveau. Puissions-nous imaginer et nous mettre au service de la construction d’un monde transformé non par la crise qu’il traverse mais par le dynamisme créateur de ce Dieu qui fait toutes choses nouvelles (Ap 21,5). Puissions-nous échapper au règne incantatoire du « yakafocon » qui décrédibiliserait une fois de plus notre parole pour changer notre regard. Voir autrement, voir plus loin, plus grand : aux dimensions du Royaume qui, depuis Pâques, est déjà à l’œuvre ici et maintenant (Lc 17,21). Il ne s’agit pas de sauver le monde puisque la résurrection a déjà eu lieu. Il s’agit de porter ces fruits-là pour les offrir au monde pour le transfigurer, le renouveler, le ré-générer. Alors, chrétiens, que pouvons-nous espérer ? Quel est ce rêve, cette vision qui nous habite ? Il est plus que temps de nous mettre au travail. Parce que le monde en a besoin et que le Seigneur nous le réclame.

On nous donne une date et d’un coup, comme par enchantement, nous voilà libérés de l’angoisse qui nous paralysait, délivrés de l’incertitude qui nous stérilisait… Comme si on nous avait soudain ôté les chaînes qui nous éreintaient, et que nous nous retrouvions libérés de notre confinement mental. On entrevoit désormais une sortie du tunnel et partout on se prend à rêver d’un monde meilleur.

D’ailleurs, chacun a déjà entamé sa partition. Les privilégiés (dont je fais partie) y voient pour la plupart une formidable opportunité de partage et d’humanité retrouvée. Ils sont prompts à déceler les traces d’une générosité et d’une bienveillance qui prend soin aujourd’hui d’un voisin hier encore inconnu. Entrevoir l’avenir avec optimisme sera alors de mise. De leur côté les plus vulnérables ont depuis le début le sentiment de vivre sur une autre planète et subissent de plein fouet cette période comme un temps terrible de méfiance, de colère, de violence et de danger. Ceux-là aimeraient chambouler un système qui, selon leur perception, ne fait que les desservir. Ceux dont le cœur penche à gauche estimeront – sans doute avec quelques raisons – qu’il sera désormais nécessaire d’investir dans la santé, la recherche et l’éducation. Et l’on entend ici ou là ressortir du chapeau des propos de campagne électorale pour donner à rêver… tel le revenu universel. Ceux qui ont une sensibilité de droite quant à eux vont – ici aussi avec quelque pertinence – en appeler à la responsabilité. Que chacun prenne sa part dans un effort collectif nécessaire pour relancer une machine économique productrice des richesses que l’on distribue aujourd’hui. Eux aussi, à leur manière, fourbissent à nouveau leurs arguments électoraux en agitant le spectre de la faillite et de la dette qu’il faudra rembourser.

Je ne peux m’empêcher de penser que, terriblement bien intégrés à la société, les chrétiens que nous sommes ont surtout montré collectivement leur paralysie spirituelle et leur aliénation à ce monde et à ses exigences. Nous avons bien sagement joué le rôle que les autorités et les prescripteurs du bien nous avaient assigné. Je ne dis pas que nous n’avons rien fait, rien dit… Mais je ne vois pas qu’en cette période nous ayons été particulièrement porteurs de régénération du monde. Avons-nous fait preuve de liberté face aux idéologies qui fonctionnent et qui tendent et prétendent construire le Bien ?

Avons-nous prononcé une parole libératrice qui produit de l’espérance ? Sans doute avons-nous tenté de le faire les uns et les autres, chacun à notre mesure… Mais force est de constater que cela s’est fait dans la confidentialité des presbytères et reste réservé au public-cible des abonnés de nos chaînes YouTube créées pour l’occasion.
Alors maintenant que le monde nous y autorise… faisons-le ! Allons-y : rêvons ! Imaginons ! Laissons parler l’Esprit puisqu’il souffle et qu’il nous habite. Vous voyez, cet esprit de liberté qui fait de nous des héritiers du Royaume (Mt 25,34 ou Rm 8,17). Laissons les autres imaginer un monde meilleur et soyons, nous, porteur d’un monde nouveau. Puissions-nous imaginer et nous mettre au service de la construction d’un monde transformé non par la crise qu’il traverse mais par le dynamisme créateur de ce Dieu qui fait toutes choses nouvelles (Ap 21,5). Puissions-nous échapper au règne incantatoire du « yakafocon » qui décrédibiliserait une fois de plus notre parole pour changer notre regard. Voir autrement, voir plus loin, plus grand : aux dimensions du Royaume qui, depuis Pâques, est déjà à l’œuvre ici et maintenant (Lc 17,21). Il ne s’agit pas de sauver le monde puisque la résurrection a déjà eu lieu. Il s’agit de porter ces fruits-là pour les offrir au monde pour le transfigurer, le renouveler, le ré-générer. Alors, chrétiens, que pouvons-nous espérer ? Quel est ce rêve, cette vision qui nous habite ? Il est plus que temps de nous mettre au travail. Parce que le monde en a besoin et que le Seigneur nous le réclame.