Ernest Dhombres

            Le reconnaissez-vous ? De son œil bienveillant, un des tous premiers occupants des lieux, mais non des moindres, vous surveille de l’entrée des salles paroissiales. À l’époque où il arrive, les paroisses protestantes parisiennes ne sont pas autonomes et ce n’est qu’en 1882, à la suite de la promulgation du décret du 25 mars de cette même année, qu’il prend officiellement la présidence du conseil presbytéral, réuni pour la première fois le 24 mai 1882.

            Les 3 pasteurs du Saint-Esprit qui lui ont succédé (Soulier, Sautter et Bonzon) ont écrit, à l’attention de la paroisse du Saint-Esprit, un ouvrage intitulé Ernest Dhombres, quelques souvenirs :

Ernest Dhombres1 est né le 16 mars 1824 au Vigan d’où son père, pasteur, l’envoie à Genève poursuivre ses études littéraires ; il y rencontre Athanase Coquerel fils et découvre la doctrine du Réveil. Un de ses professeurs de Genève écrit à son père : « Si ce jeune homme entre dans une voie de vraie piété, il deviendra une des lumières du protestantisme.» Après avoir achevé ses études de théologie à Strasbourg, il revient au Vigan comme suffragant de son père, puis est nommé l’année suivante à Alès (en 1847).

            Il arrive à Paris en 1860, tout d’abord attaché à Sainte-Marie comme suffragant du pasteur Vermeil ; mais il prêche également ailleurs comme il était d’usage jusqu’en 1882 (le Consistoire de Paris était réparti sur 8 lieux, son siège se situant à l’Oratoire).

            Il prêche probablement à l’église du Saint-Esprit dès 1865. En 1867 il est nommé titulaire à la place du pasteur Juillerat ; en 1869 il est plus particulièrement attaché à la chapelle Bellefond, annexe du Saint-Esprit où réside le pasteur Guillaume Monod qui y exerce son ministère ; il est souvent présent rue Roquépine pendant la guerre de 1870 comme en témoignent les lettres qu’un de ses paroissiens, habitant du quartier, écrivait à sa femme partie se réfugier en Angleterre, et dont voici un extrait d’une lettre du 11 septembre 1870 : « Monsieur Dhombres nous a fait un très bon et très énergique discours de circonstance sur Michée ; « Écoute la verge qui te frappe, car elle est assignée de Dieu » et Hébreux : « Dieu nous châtie pour notre profit.» Il était ému et émouvant.» À la lecture d’une autre lettre écrite le 29 décembre 1870, nous pouvons supposer qu’il ne logeait pas loin, sans doute rue Castellane (il ne s’installe rue Roquépine qu’en 1874) : « Mes soirées sont peu variées […]. Je vais de temps en temps chez Louis ou chez les Alfred. Ceux-ci me font asseoir quelquefois à leur table ce qui, au temps qui court est une très grande politesse. J’y ai trouvé des convives choisis, tels que [….] Mr et Mme Dhombres.» Ses prédications, rassemblées dans un ouvrage qu’il a fait publier en mars 1871 sous le titre de Foi et Patrie, sont majoritairement données au temple du Saint-Esprit. Les registres paroissiaux sont à l’occasion signés de lui dès 1866. Dhombres est nommé chevalier de la Légion d’Honneur en 1875 : son portrait a donc été réalisé après cette date.

            Atteint de cécité, il poursuit néanmoins son ministère pendant quelques années (lors de la fête de Noël de 1889 il disait : « Croyez-en le pasteur qui vous parle, mais qui ne peut plus voir vos visages aimés.») Le 20 février 1894, il écrit une lettre aux membres du conseil presbytéral pour leur annoncer qu’il se retirera à partir du 31 mars 1894 (date de l’assemblée générale) : « Messieurs et chers collègues, je viens vous prier d’accepter ma démission de pasteur de la paroisse du Saint-Esprit […]. En prenant ma retraite, je ne puis m’empêcher de jeter un regard ému sur mon passé. Croyez-le bien, Messieurs et chers collègues, au regret de ce qui finit se mêle pour moi la tristesse sincère des lacunes de ma vie pastorale…..» Il meurt le 9 décembre de cette même année, ses obsèques sont présidées par les pasteurs Bonzon, Sautter et Soulier. Nom d’origine cévenole qui signifie en patois « maison à l’ombre ». La lettre H a été ajoutée pendant les guerres de religion pour marquer l’appartenance aux Huguenots

  1. Nom d’origine cévenole qui signifie en patois « maison à l’ombre ». La lettre H a été ajoutée pendant les guerres de religion pour marquer l’appartenance aux Huguenots
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