Elections britanniques et Magnificat
Au moment où vous lirez ces lignes, les élections britanniques auront eu lieu mais nous serons encore en pleine période de l’Avent. Il me semble intéressant d’entendre comment le modérateur de l’United Reform Church au Royaume-Uni rapproche les deux dans son message pour décembre sur le site de cette Eglise.
Une élection générale pendant la période de l’Avent est inhabituelle. Il n’y en a pas eu depuis 1923. À première vue, il s’agit d’un détail mineur. Mais en réalité, malgré le prétendu inconvénient d’une campagne à l’approche de Noël, il pourrait être utile de laisser certains des thèmes de l’avent façonner notre réflexion pré-électorale.
Toute ma vie, j’ai chanté le cantique de Marie, le Magnificat, selon son premier mot en latin. Dans un processus d’osmose spirituelle, cela a imprégné ma pensée. Chaque fois que je visite notre cathédrale locale à Ely, je suis frappé par la statue de Marie. Je vois une femme à la fois exultante et pourtant si attentionnée. Et c’est ce que dit saint Luc comme réponse de Marie à la nouvelle qu’elle sera la mère de Jésus. Il me semble que bien que le Magnificat fasse partie de la prière du soir anglicane tous les jours de l’année, il ajoute une valeur particulière à notre adoration de l’Avent.
La version qui a pris place dans Rejoice and Sing est celle de l’évêque Timothy Dudley-Smith, Proclame, mon âme, la grandeur du Seigneur. Il s’agit du numéro 740 et j’imagine qu’il sera utilisé dans de nombreux services de décembre de nos congrégations.
Le récit de l’évangéliste suggère que Marie est particulièrement attentive à certains des éléments du règne de Dieu que Jésus inaugurera. Comme les prophètes avant elle, ces thèmes offrent une critique de la manière dont la société a été ordonnée à son époque. Nous pourrions également y trouver des marques de fabrique nécessaires à la gouvernance de nos propres nations aujourd’hui. Cinq points me sautèrent aux yeux lorsque j’y réfléchissais.
Premièrement, il y a l’immense signification de la place donnée à une femme dans le plan de Dieu pour rendre toutes choses égales. Marie est essentielle. Comment avons-nous laissé la société évoluer de sorte que les femmes ne reçoivent toujours pas un salaire égal à celui des hommes, souvent pour le même travail?
Deuxièmement, le Magnificat explique à quel point les gens fiers sont «dispersés». Dudley-Smith paraphrase : « Les cœurs fiers et les volontés obstinées sont mis en fuite ». Marie conteste-t-elle la manière dont nous avions laissé notre discours politique se développer au cours des mois précédant la fin du dernier parlement?
Troisièmement, nous entendons parler des êtres modestes qui sont exaltés. Cela pourrait-il nous inciter à assurer le renouvellement de la dignité de personnes si facilement marginalisées en raison de leur identité et de leur situation: selon leurs capacités, leur corps, leur pauvreté, leur race, leur sexualité?
Quatrièmement, Marie rêve que les affamés soient rassasiés. À l’ère des banques alimentaires, voici une vision pour l’Avent qui les rendraient inutiles.
Enfin, le Magnificat souligne comment Dieu règne avec miséricorde – une miséricorde qui répond au besoin, à un défaut et à une erreur, avec un amour inattendu, immérité, inconditionnel, qui nous demande de faire de même. N’est-ce pas cette miséricorde qui nous soutient comme peuple d’espérance? Tandis que l’évêque Timothy nous aide à chanter, «sa promesse est ferme et sa miséricorde assurée». En tout cela je vois des guides éloquents tandis que le découvre les manifestes et les idées clés auxquels nous sommes confrontés. Déterminé à exercer mon droit de vote, mais quelque peu troublé par certaines des idées politiques qui me sont présentées, je suis en fait reconnaissant que cette élection puisse être imprégnée des thèmes de Marie pour l’Avent.
Nigel Uden, Modérateur de l’United Reform Church, UKDécembre 2019