Covid 19, révélateur du péché et de la grâce

Je relis ce matin le chapitre 3 de l’Epitre aux Romains : « Car il n’y a pas de distinction : tous, en effet, ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ; et c’est gratuitement qu’ils sont justifiés par sa grâce, au moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ. »

Impossible en ce moment, malgré le désir d’entendre parler d’autre chose, de n’être pas, par la télévision nationale ou les radios, confiné dans le confinement, sans regard sur autre chose ; et de tout y ramener. Je cède.

Ne vous inquiétez pas ! Je ne reprends pas la Fable de La Fontaine, Les animaux malades de la peste, qui parle de ce « mal qui répand la terreur, mal que le ciel en sa fureur inventa pour punir les crimes de la terre ».  Seuls quelques évangéliques d’outre-Atlantique se permettent de le faire.

Mais le « tous ont péché » me fait penser à l’approche qui a été celle de pratiquement le monde entier devant cet effroyable pandémie du Covid-19.

Et j’emploie le terme de péché dans son sens original de « rater la cible ». Personne n’a été capable d’anticiper. Chacun s’est retrouvé avec ses moyens, le plus souvent inadaptés.

Et nous avons vu alors se déployer un trésor de dévouement, et d’intelligence. Pour prendre en charge les malades, pour chercher un soulagement, des soins, un vaccin peut-être. Pour protéger, soutenir et envisager l’avenir.

C’est une magnifique parabole de la grâce. Car elle n’est pas le coup de baguette magique qui du péché nous projette dans la sainteté, de nos errements nous transporte miraculeusement sur le bon chemin. La grâce c’est de se savoir « incapables de faire le bien »(disait Théodore de Bèze), toujours ratant la cible d’une vie humaine selon le projet de Dieu. Cette humilité dans notre projet de vie, comme bon nombre des médecins et des politiques devant la pandémie, c’est ce qui nous permet de mobiliser tout ce que Dieu nous donne pour faire le choix de la vie dans un monde de mort. Mobiliser notre intelligence, nos solidarités, notre force d’aimer, notre capacité de construire notre avenir. Cela s‘appelle confiance et espérance. L’Evangile nous dit qu’en Jésus-Christ se noue entre Dieu et notre humanité ce contrat de confiance, où Celui qui nous montre le chemin nous donne de recevoir la force d’y avancer.

Et ce matin ce texte apaise mes agacements à l’égard de tous ceux qui savent si bien qu’ils en oublient leurs incapacités, de tous ceux qui font le procès  du péché (lot commun à tous) plutôt que de chercher la grâce de l’humilité, de l’intelligence et de la confiance… et mes agacements néanmoins fraternels à l’égard des Evêques qui laissent entendre que l’eucharistie serait plus forte que le virus.

Jean-Arnold de Clermont – 5 mai 2020