Chronique Eglise universelle – Décembre 2024

L’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT) clôturait, au début de ce mois, la célébration de son cinquantième anniversaire. Elle est la principale action œcuménique issue des Églises en France, ayant désormais ajouté à son engagement contre la torture, la lutte pour l’abolition de la peine de mort et le respect du droit d’asile. En conclusion de la journée anniversaire du 7 décembre salle Gaveau, le pasteur Michel Bertrand, ancien président de l’Église réformée de France (EPUdF), son conseiller théologique, lui donnait pour horizon les trois verbes : « Espérer » comme enracinement chrétien de son engagement ; « Résister » contre l’indignité des traitements infligés à des êtres humains ; « Veiller », en apprenant à regarder le monde avec le regard de Jésus.

Je vous propose de lire comment la déléguée générale de l’ACAT-France, Nathalie Seff, présentait cette célébration des 50 ans de l’ACAT.

JAC 

Un demi-siècle de combats pour les droits fondamentaux.

Depuis 1974, l’ACAT-France, pionnière sur le terrain de la lutte contre la torture et la peine de mort et en faveur du droit d’asile, s’engage sans relâche en faveur des hommes et des femmes dont les droits sont bafoués. Bouleversées par le témoignage d’un pasteur de l’Église vaudoise sur la pratique généralisée de la torture au bagne de Poulo Condor au Vietnam, deux femmes protestantes, Hélène Engel et Edith du Tertre, ont eu l’intuition que les chrétiens de toutes confessions ne pouvaient rester sans réagir et devaient passer « à l’action ».

Ainsi est née « l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture » qui fonde, depuis l’origine, son combat pour la défense de la dignité́ humaine, d’une part sur les valeurs universelles de respect de la vie et de solidarité́, et d’autre part sur la conviction partagée d’agir comme une humble sentinelle au cœur du monde que Dieu lui a confié́. Ces fondements sont d’autant plus importants qu’ils sont difficiles à défendre dans un monde sécularisé́, où la laïcité́ est parfois comprise comme anti-religieuse et où les chrétiens semblent parfois douter eux-mêmes de la pertinence de leur message.

Aujourd’hui, elle peut s’appuyer sur un réseau militant très actif réparti sur l’ensemble du territoire, soutenu par environ 20 000 généreux donateurs et une équipe de 23 permanents professionnels salariés. Elle intervient dans plus de trente pays à travers le monde et collabore avec plus de cent organisations locales et internationales. Depuis sa création, elle a déposé plus de mille plaintes pour actes de torture ou mauvais traitements et a sensibilisé l’opinion publique grâce à d’importantes campagnes de communication, dont ses rapports sur Un monde tortionnaire.

À l’occasion de la célébration de ses cinquante ans, L’ACAT-France a souhaité́ revenir sur les grands combats qu’elle a mené́ dans une infographie soulignant ses plus grandes réussites telles que : l’obtention du statut de consultant auprès des Nations Unies en 1984, l’obtention du Prix des Droits de l’Homme de la République française en 1989, ou encore le lancement de son programme de correspondance avec les condamnés à mort en 1992, la première Nuit des Veilleurs en 2006 et son rapport, L’ordre et la force, documentant l’usage de la force dans le cadre du maintien de l’ordre, en 2016. Un anniversaire pour renouveler l’engagement

Durant ces cinquante dernières années, l’ACAT-France a contribué́ à de nombreuses victoires, avec la réduction progressive de l’usage de la peine de mort dans le monde et la dénonciation de pratiques de torture dans des régimes répressifs. Cependant, malgré́ des avancées, la torture reste une pratique répandue, souvent dissimulée et la peine de mort est encore appliquée dans de nombreux pays.

L’ONG continue d’agir sur le terrain en soutenant les victimes de torture et leurs familles, en interpellant les gouvernements et les organisations internationales et en sensibilisant l’opinion publique à ces réalités souvent ignorées. Chaque année, l’ACAT-France réalise plus de cinq cent actions de soutien aux victimes et de promotion des droits de l’Homme, envoie en moyenne cinquante appels pour des situations de torture critique ou de peine de mort, et organise des temps de formation et d’éducation pour sensibiliser et former les militants aux droits de l’Homme.

Face à l’aggravation des crises migratoires et à l’hostilité́ croissante contre les demandeurs d’asile, l’ACAT- France est également engagée depuis plusieurs années en faveur du droit d’asile afin d’apporter son aide aux réfugiés persécutés dans leur pays d’origine.

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