Chronique de l’Eglise Universelle – Mars 2020
Covid-19, élections municipales, dossier des retraites… nous avons mille raisons de fermer les yeux sur les drames humains qui nous entourent. C’est le rôle des Eglises de remettre les événements en perspective ; c’est du moins ce que l’on peut attendre d’elles, qu’elles sachent être sentinelles, lanceuses d’alertes. C’est ce que font la Conférence des Eglises Européennes et la Commission des Eglises pour les Migrants en Europe. C’est ce que fait avec courage le président de l’Eglise protestante en Allemagne. N’est-ce pas ce que nous attendons de nos responsables d’Eglise en France ? JAC
La Conférence des Églises européennes (KEK) et la Commission des Églises pour les migrants en Europe (CEME) ont exprimé leur profonde inquiétude face à la montée des tensions à la frontière entre l’UE et la Turquie. S’exprimant depuis Bruxelles, les secrétaires généraux des deux organisations œcuméniques européennes ont exprimé leur inquiétude face aux témoignages de violence contre les personnes qui tentent de traverser la frontière entre la Turquie et les pays de l’UE, et contre ceux qui les aident.
« Nous appelons à la solidarité et au respect des droits de l’homme et de la dignité humaine. Nous sommes tous créés à l’image de Dieu – un principe chrétien fondamental », a déclaré le Dr Jørgen Skov Sørensen, secrétaire général de la KEK. « Aucun être humain, aucun migrant ou réfugié ne devrait être un outil dans un jeu politique ».
Il a ajouté que « les pays situés aux frontières extérieures de l’UE, tels que la Grèce ou Chypre, mais aussi la Turquie, sont confrontés depuis des années à d’énormes défis en raison des mouvements migratoires. Au milieu de ces défis, nous exprimons nos remerciements aux églises, aux acteurs de la société civile et aux États, qui ont su répondre à la situation ».
« En ces temps difficiles, nous devons trouver des réponses opérationnelles impliquant le respect de la dignité humaine et du droit d’asile, comme le prévoient l’article 18 de la Charte des droits fondamentaux de l’UE et la législation européenne en vigueur en matière d’asile », a déclaré le Dr Torsten Moritz, secrétaire général de la CEME. « Nous invitons l’UE et ses États membres à étendre enfin leur solidarité aux pays et aux personnes se trouvant aux frontières extérieures de l’UE. Il faut garantir un accès sûr à la protection, un accueil digne et une réinstallation ».
« Nous sommes inquiets mais nous espérons que l’UE pourra résoudre cette situation. Nous demandons aux églises et à leurs membres à travers l’Europe de prier et d’agir pour une solution rapide », a-t-il ajouté.
Les églises membres et les partenaires de la KEK et de la CEME continuent de fournir un accueil et des conseils juridiques aux migrants, y compris un abri pour les mineurs non accompagnés en Grèce. Un certain nombre d’églises s’engagent à fournir des lieux d’accueil avec les autorités locales d’autres pays de l’UE, à distribuer de la nourriture et à apporter leur soutien à la frontière gréco-turque.
Les églises ont souvent exprimé leur inquiétude face à la violence et aux conditions déshumanisantes à la frontière, critiquant les conséquences de l’accord UE-Turquie. En collaboration avec les organisations humanitaires, les ONG et leurs gouvernements, elles continuent à développer des réponses humanitaires affectives, l’accueil et le soutien.