Chronique de l’Eglise Universelle

S’il est un domaine où les Eglises ont toujours été présentes dans le dialogue avec les pouvoirs politiques, c’est bien celui de la situation et de l’accueil des migrants. Probablement faut-il y voir l’écoute des textes bibliques. Depuis plusieurs années la Fédération de l’Entraide Protestante, bras social de la Fédération protestante, a créé une plateforme d’accueil dans des familles, avec depuis 2017 une active participation aux couloirs humanitaires pour des réfugiés en provenance de Syrie. Cet engagement vient d’être renouvelé.

Il vaut la peine d’en trouver des échos en se connectant au site de la FEP (https://fep.asso.fr/vie-federative/boite-a-outils-a-lattention-des-entraides-de-paroisse/la-plateforme-protestante-pour-laccueil-de-refugies/) mais aussi d’entendre le plaidoyer des Eglises (ci-dessous) auprès de la Commission européenne au moment où celle-ci envisage une révision de son action envers les migrants. JAC.

Un plaidoyer incisif présenté devant la Commission européenne, au jour même du dévoilement de son controversé « nouveau Pacte sur la migration et l’asile ». Dans une déclaration commune, une douzaine d’organisations chrétiennes mondiales ou régionales – dont, notamment, la Conférence des Églises européennes (KEK), et la Commission des Églises pour les migrants en Europe (CEME) – ont appelé mercredi 23 septembre les représentants de l’Union européenne (UE) à faire preuve de solidarité avec les migrants.

« La solidarité devrait être le principe directeur régissant la migration, et en particulier l’accueil des réfugiés », souligne le texte, « nous attendons de l’UE qu’elle rejette le discours et la politique de la peur et de la dissuasion. (…) Nous partageons également la conviction que [ses] valeurs fondamentales, en matière de dignité humaine et de respect des droits de l’homme, doivent être reflétées dans sa politique quotidienne ».

« Dignité inviolable »

Dans leur déclaration, les organisations chrétiennes engagées sur le terrain en faveur de l’accueil des réfugiés rappellent qu’elles demeurent « profondément attachées à la dignité inviolable de la personne humaine créée à l’image de Dieu, ainsi qu’aux concepts de bien commun, de solidarité mondiale et de promotion d’une société qui accueille les étrangers, qui prend soin de ceux qui fuient le danger et protège les personnes vulnérables ».

Plus particulièrement, leur texte fait largement référence à la série d’incendies qui a ravagé dans la nuit du mardi 8 septembre le camp de Moria, sur l’île grecque de Lesbos, en laissant près de 13 000 migrants sans abri. « Ces événements (…) ont une fois de plus mis en évidence l’état de rupture fondamentale entre la politique européenne de migration et d’asile, et les souffrances qu’elle a engendrées », déplorent les signataires.

« Conditions inhumaines »

Ils condamnent en ce sens « le désespoir des personnes en quête de protection, qui ont souvent été forcées de vivre pendant des années dans des conditions inhumaines », « la colère et la frustration de populations locales qui ont le sentiment que l’Europe les a laissées seules face au défi de l’accueil et des soins », et « une réaction de l’UE qui exprime sa sympathie, mais qui montre un profond manque de responsabilité et d’engagement réel pour aider [les migrants] ».

D’autant que l’épidémie de Covid-19 a considérablement aggravé leurs conditions de vie, relève enfin la déclaration : « les restrictions généralisées des déplacements internes et transfrontaliers à la suite de la pandémie ont encore réduit l’accès des personnes à la protection. En outre, la survie économique de nombreuses personnes en déplacement, ainsi que de leurs hôtes, a été mise en péril par les mesures de confinement et autres mesures connexes ».

La Croix, 24 septembre 2020.